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Évaluation de variétés de pommes quant à leur aptitude à la conduite en haute-tige bio

Dans le cadre d’un projet de six ans, l’équipe Arboriculture du FiBL a évalué 167 variétés de pommes quant à leur aptitude à la conduite en haute-tige biologique en Suisse alémanique.

La production de fruits à transformer Bourgeon sur des arbres fruitiers haute-tige est importante et pertinente pour trois raisons principales :

  • Avec un bon choix variétal, un entretien adéquat et une mécanisation adaptée, les arbres fruitiers haute-tige sont une forme de production rentable pour des fruits à cidre recherchés ;
  • La qualité élevée du jus provenant d’arbres haute-tige ne peut pas être remplacée par de la marchandise déclassée de vergers de fruitiers basse-tige ;
  • La culture de fruits en verger haute-tige est un bien culturel important et un élément marquant pour la biodiversité ainsi que l’aménagement du paysage.

167 variétés sur 14 exploitations
Durant les années 2016-2021, dans le cadre du projet « Soutien à la production des pommes à cidre bio », les arbres haute-tige de 167 variétés de pommes ont été évalués visuellement sur 14 exploitations de Suisse alémanique vers la fin août/début septembre selon les paramètres suivants : attaque de tavelure, Marssonina, oïdium, vitalité du feuillage, vigueur et rendement.

Aucune attaque de feu bactérien n’a été constatée lors des relevés, mais il doit aussi être pris en compte dans une planification variétale. En complément aux observations faites sur le terrain, des enquêtes ont été réalisées au début et à la fin du projet auprès des productrices et producteurs au sujet de leurs observations et expériences.

Difficultés supplémentaires en raison de Marsonnina
La chute des feuilles due à Marssonina, qui se manifeste plus fortement en Suisse depuis 2014, représente un défi supplémentaire en plus de la tavelure, en particulier dans les vergers exploités extensivement. Sans interventions phytosanitaires adaptées, des variétés ayant fait leurs preuves jusqu’à présent mais sensibles à Marssonina ont parfois aussi subi des dommages importants, notamment lors d’années humides, avec une chute prématurée des feuilles, un affaiblissement de l’arbre, voire même des symptômes de dépérissement. La sensibilité à Marssonina est donc devenue un critère très important lors du choix variétal en production biologique.

Traitement précoce important
Sur les exploitations suivies, on a pu montrer que l’attaque de tavelure peut être suffisamment réduite avec deux à trois traitements axés sur les principales infections durant la phase d’expulsion des ascospores (en général de fin mars à mai) avec du cuivre, du soufre, du polysulfure de calcium ou de l’argile sulfurée.

Les premières infections de Marssonina, qui peuvent être contrôlées avec les traitements contre la tavelure, peuvent aussi survenir dès la floraison. En outre, les variétés particulièrement sensibles à Marssonina peuvent être protégées dès la fin de la phase primaire des infections de tavelure jusqu’à environ fin juin avec deux à trois traitements supplémentaires avec de l’argile sulfurée ou du polysulfure de calcium.

Des essais menés en 2023 ont montré que c’est surtout la période jusqu’à fin juin qui est importante pour réguler Marssonina, car l’évolution de la maladie provenant d’infections précoces ne peut plus être stoppée avec des traitements tardifs.

Les systèmes de prévision: des outils importants
Des systèmes de prévision tels que RIMpro permettent de prévoir les infections de tavelure et de Marssonina et représentent ainsi un outil important pour des traitements ciblés. Lors de la mise en valeur de la relation entre l’intensité de la protection des plantes et l’apparition de Marssonina dans 11 exploitations sur une période de six ans, il s’est avéré que la maladie peut être suffisamment réduite avec un total de quatre à six traitements fongicides par année.

Aptitude des variétés à cidre spéciales pour le bio
D’après les normes et prescriptions pour les fruits à cidre de Fruit-Union Suisse, les fruits à cidre sont répartis dans les catégories de qualité suivantes : pommes à cidre spéciales, pommes à cidre ordinaires, poires à cidre et autres fruits à cidre, les prix indicatifs pour les pommes à cidre spéciales et les poires à cidre étant supérieurs à ceux des autres variétés de pommes et de poires.

Sur la base des résultats des relevés, avec une forte pondération de la sensibilité à la tavelure et à Marssonina, les pommes à cidre spéciales ont été réparties dans trois catégories : particulièrement recommandées, partiellement recommandées, non recommandées.

Beffertapfel, Bohnapfel, Grauer Hordapfel, Heimenhofer et Schneiderapfel
Les variétés Beffertapfel, Bohnapfel, Grauer Hordapfel, Heimenhofer et Schneiderapfel se sont révélées particulièrement adaptée à la production biologique. Cela est dû à leur tolérance à la tavelure, à l’oïdium et à Marssonina. Beffertapfel, Bohnapfel et Schneiderapfel n’ont présenté qu’une faible sensibilité à la tavelure et à Marssonina, même sans protection phytosanitaire directe.

Les variétés Boskoop, Leuenapfel, Reanda, Remo, Rewena, Sauergrauech (pomme raisin), Spartan, Tobiässler et Wilerrot ne sont que partiellement recommandées. La variété Boskoop s’est montrée très sensible à Marssonina, Reanda, Remo et Rewena présentent une faible vigueur dès l’entrée en production, Sauergrauech est très sensible à la tavelure et au feu bactérien et est sujette à la chute prématurée des fruits. Suivant le site, Spartan a besoin d’une protection phytosanitaire accrue, Tobiässler est sensible au feu bactérien et à la tavelure et on reproche à Wilerrot sa tendance parfois marquée à l’alternance ainsi que sa récolte tardive (fin octobre à début novembre).

Variétés parfois très sensibles
Les variétés Blauacher Wädenswil, Engishofer, Gravenstein et Thurgauer Weinapfel ne sont pas recommandées pour l’agriculture biologique car elles sont très sensibles à la tavelure ou à l’oïdium, ce qui nécessite une protection phytosanitaire accrue. La variété Topaz s’est montrée très sensible à Marssonina, se secoue mal et la résistance à la tavelure n’est que faiblement ancrée. Blauacher Wädenswil et Gravenstein sont des variétés présentant une chute prématurée des fruits très marquée. La variété Reinette du Canada n’a été présente dans aucun des lieux étudiés.

Pas de percée notable de la tavelure
Durant les 30 à 40 dernières années, de nombreuses variétés de pommes tolérantes à la tavelure ont été cultivées sur des exploitations bio (gène de résistance Rvi6, avant Vf) telles que Florina, Liberty, Topaz, Reanda, Rewena, Resi, Retina ainsi que d’autres, aussi dans l’optique de produire également des fruits de table.

Sur les exploitations suivies, la tavelure est apparue ponctuellement sur des variétés réputées résistantes, mais aucun dégât notable n’a été constaté sur les feuilles ou les fruits. Cela a contribué à ce que, dans la majorité des cas, une protection phytosanitaire minimale contre la tavelure a été effectuée, en particulier durant la phase d’expulsion des ascospores.

Variétés tolérantes mais seulement partiellement appropriées
La plupart des productrices et producteurs des exploitations suivies considèrent les variétés tolérantes à la tavelure comme partiellement appropriées pour les vergers haute-tige car leur vigueur est trop faible pour une couronne Oeschberg classique et elles peuvent donc tout au plus être conduites en fuseau haute-tige. Cela est surtout valable pour les variétés Re de Pillnitz (Reanda, Rewena, Resi, Retina, etc.), ainsi que Liberty et Empire.

Un autre point critique mentionné est que les pommes tombent mal des arbres en automne, si bien qu’elles doivent être secouées. La variété Schneider, très vigoureuse, est recommandée comme porte-greffe intermédiaire afin de contrebalancer la faible vigueur. Par ailleurs, les variétés Re sur leur propre tronc sont sensibles au gel.

Variétés pour la valorisation propre : Edelchrüsler, Baarapfel et Hagapfel se démarquent
Outre les variétés à cidre spéciales, diverses autres variétés se sont avérées robustes et particulièrement appropriées pour la valorisation sur l’exploitation. Les productrices et les producteurs ont par exemple relevé que la variété Baarapfel portait beaucoup de fruits avec des teneurs élevées en polyphénols. Celle-ci a uniquement montré une certaine sensibilité à la tavelure, toutefois acceptable.

La variété Edelchrüsler s’est démarquée par sa robustesse, sa forte vigueur et la régularité de ses rendements. La variété Wehntaler Hagapfel, avec une récolte principale très compacte, est aussi robuste, vigoureuse et permet de former une belle couronne arrondie. Elle est actuellement examinée sur différents sites. Ces trois variétés conviennent aussi en tant que pommes de table pour la vente directe.

Conclusion : quatre à six traitements fournissent des résultats acceptables
Durant les six années de relevés sur les 14 exploitations de vergers haute-tige bio en Suisse alémanique, de grandes différences ont été observées quant à la sensibilité aux maladies des diverses variétés. Avec quatre à six traitements phytosanitaires axées sur les infections principales durant la période comprise entre fin mars et fin juin, les attaques de tavelure et de Marssonina ont pu être réduites à un niveau acceptable, aussi chez les variétés plus sensibles.

Le projet a été soutenu par Coop, Ramseier Suisse AG und Bio Suisse. Les productrices et producteurs suivants y ont participé : Felix Bruderer, Hans Brunner et son successeur Felix Wirz, Fredi et Werner Fankhauser, Ueli et Irmi Glauser, Werner Haab, Stefan Hafner, Jakob Kaufmann, Lukas Keller, Matthias Koloska, Christian Krieg, Sepp Küng † ainsi que ses filles Carmen et Karin, Roger Markwalder, Hans Oppikofer et Robert Schwander. Pour le FiBL, Thierry Suard Patrick Stefani, Andi Häseli, Michael Friedli, Sara Amsler, Jean-Charles Mouchet et Clémence Boutry ont collaboré au projet.

Ce texte est un résumé du rapport de projet.

Pour en savoir plus

Le rapport de projet (en allemand, www.orgprints.org)
Prévisions du risque tavelure avec RIMpro (Rubrique Cultures)

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