De nombreux agriculteurs (conventionnels et bio) cherchent à améliorer leur sol en renonçant au travail profond et en utilisant au maximum les couverts végétaux. Mais est-ce possible si on n’utilise pas le Roundup ? Est-ce vraiment écologique de travailler plusieurs fois en surface pour remplacer un labour ? Les essais du FiBL en conditions bio apportent quelques réponses.
En travail réduit du sol, les rendements ont été plus élevés dans l’essai exact de Frick (2003 à 2011, 11 % de plus de rendement par rapport au labour), et moins élevés dans les 9 essais pratiques (2009 à 2011, 8 % de moins de rendement). Partout, la pression des adventices a été plus élevée en travail réduit du sol qu’en labour ; malgré cela, à Frick, les rendements ont été meilleurs. Cela montre que les adventices ne sont pas toujours le facteur limitant. Dans tous les essais, le travail réduit du sol a provoqué une augmentation de la teneur en humus, de l’activité des microorganismes du sol et du nombre de vers de terre.
Fort potentiel d’optimisation
Dans les 9 essais pratiques, les agriculteurs concernés utilisèrent le parc de machines localement disponible pour le travail réduit du sol : herses à disques, déchaumeuses à patte d’oie, herses à bêches roulantes, parfois charrues déchaumeuses. Or on peut s’attendre à ce que la diversité des machines augmente ces prochaines années, ce qui va faciliter l’utilisation du bon outil au bon moment. Par exemple, le désherbage de cultures sur travail réduit du sol (ayant des résidus végétaux en surface) est plus facile avec la houe rotative qu’avec la herse-étrille. Il faut donc que davantage d’agriculteurs ou de CUMA achètent des houes rotatives. Par ailleurs, les semis sous couverts et le recours aux engrais verts apportant de l’azote vont se développer, compensant partiellement la disponibilité réduite d’azote dans le sol si on pratique un travail réduit. Grâce à la créativité des agriculteurs, on peut espérer que les rendements en travail réduit se rapprochent de ceux que l’on obtient sur labour. Durant la phase de transition, il est fortement souhaité que la Confédération accorde un soutien financier au travail réduit en conditions bio (dans le cadre de PA 2014-2017). Sur la base des résultats d’essai, il est possible de dire que le montant de ce soutien devrait s’élever à environ Fr. 600.- par ha. Des discussions ont lieu en ce moment à l’OFAG à ce sujet.
Influence du travail réduit du sol sur le climat
Dans les essais pratiques, le travail réduit du sol a émis 13 % de moins de CO2 et a consommé 16 % de moins d’énergie qu’en labour, malgré le fait qu’un labour a été remplacé par en moyenne 1.5 interventions avec diverses machines de travail superficiel. Le travail réduit a donné le même nombre d’heures de travail total que le labour. Le bilan climatique de l’essai de Frick a été calculé (voir schéma). L’augmentation de la teneur en humus provoquée par le travail réduit du sol a entraîné un stockage d’importantes quantités de CO2 dans le sol (partie du graphique située en-dessous de la ligne zéro) ; ces quantités sont plus élevées que celles émises par toutes les interventions culturales (machines, carburant, fertilisants, …) qui se trouvent en-dessus de la ligne zéro. Le bilan écologique a donc été positif, alors qu’il a été négatif pour la culture sur labour.