Plus de 100 participantes et participants francophones et germanophones de la branche viticole suisse se sont réunis à Neuchâtel, le 15 mars. Des intervenantes et intervenants spécialistes venu-es de Suisse, de France et d'Allemagne ont présenté leurs travaux issus de la pratique, du conseil et de la recherche sur la question de la viticulture et des défis de l'avenir.
Bea Steinmann et David Marchand, collaborat-rice-eur du FiBL, ont accueilli les invités et présenté les projets viticoles menés au FiBL. Angela Deppeler, cheffe de produits pour les vins, herbes aromatiques et plantes ornementales chez Bio Suisse, a montré la forte croissance de la viticulture bio, qui a doublé sa surface en quatre ans (2018-2021). La Suisse romande représente environ 75 pour cent de la surface totale. En Suisse alémanique, le canton des Grisons, par exemple, affiche une forte croissance. La représentante de Bio Suisse a en outre attiré l'attention sur les nouvelles contributions prévues par l'ordonnance sur les paiements directs pour la viticulture, notamment pour les cépages résistants.
Rétrospective du millésime 2022
Les températures de l’année 2022 ont été supérieures de trois degrés à la moyenne des trente dernières années. Sans surprise, David Marchand, conseiller viticole au FiBL, a montré par une enquête auprès des viticulteurs et viticultrices que l'irrigation était la mesure privilégiée pour réduire le stress dû à la sécheresse et à la chaleur. Des mesures telles que le travail du sol ou l'adaptation du volume foliaire ont également été appliquées. Les baies du millésime 2022 étaient généralement plus petites, avaient une teneur en sucre plus élevée et moins d'acidité que l'année précédente.
Les défis de l'avenir
Suite à cette rétrospective, Markus Rienth de la Haute école de Changins a mis en garde, dans la première intervention de la journée, contre les modifications de la physiologie de la vigne dues à la chaleur, qui comportent également des risques tels que la perte de typicité et l'altération du profil aromatique. Vivian Zufferey, d'Agroscope, a en outre montré que les plantes ont pu absorber nettement moins d'azote l'année dernière. Elisa Marguerit, chercheuse à Bordeaux Sciences Agro, a souligné que la vigne est une plante cultivée d'une grande plasticité et qu'une large palette de cépages différents est disponible en fonction des conditions climatiques et des défis à relever.
Différents porte-greffes sont également en ligne de mire. Actuellement, plus de 50 variétés de porte-greffes sont évaluées en France quant à leur aptitude et leur tolérance à la sécheresse; une grande diversité génétique a notamment pu être décrite chez V. berlandieri. Corentin Houillon, viticulteur français et formateur à Architecte du vivant, a abordé, en complément du choix des variétés et des porte-greffes, la physiologie des racines et leur capacité à mieux absorber les nutriments et l'eau.
Après la dégustation de vins issus de vignes dont la hauteur de feuillage varie entre 100 et 130 centimètres, avec ou sans filet paragrêle, Fabio Fehrenbach de l’insitut Staatliches Weinbauinstitut de Freiburg en Allemagne, a fait un exposé sur la gestion de l'alcool, de l'acidité et des nutriments des levures dans la vinification. Il a présenté des résultats de recherche sur l'adaptation de la date de récolte ou la gestion du feuillage et ses effets œnologiques et sensoriels. Il a montré les possibilités de différents procédés œnologiques comme l'acidification par l'alimentation des levures ou les procédés techniques.
David Marchand a ensuite présenté les travaux menés en Suisse romande sur l'entretien des sols et les variantes d'enherbement adaptées (alternatives à l'enherbement spontané), qui permettent de réduire le stress hydrique de la vigne et d'améliorer la structure du sol. La teneur en matière organique est la clé d'un sol plus résiliant. L'enherbement des inter-rangs, adapté au site, permet d'atteindre cet objectif et de limiter le compactage des sols.
Xavier Dupla, ingénieur agronome, pédologue et doctorant à l'université de Lausanne, a présenté les premiers résultats de son étude sur le potentiel de stockage de carbone dans les sols viticoles par l'épandage de basalte. Jusqu'à présent, les résultats intermédiaires sont prometteurs et montrent des avantages climatiques et agronomiques. Enfin, Noémie Graff du Domaine le Satyre à Begnins VD, a parlé des opportunités et des risques des arbres dans les vignobles et a expliqué comme ils peuvent être des alliés ou des concurrents de la vigne. Elle a en outre présenté un nouveau système d'irrigation dans son domaine.
Emma Homère, Bio Suisse und Jeremias Lütold, FiBL
Pour en savoir plus
Aperçu général viticulture (rubrique viticulture)
Projets viticoles au FiBL (site web du FiBL)