Le projet international «Roadmap» s’est penché sur l’utilisation des antibiotiques dans les élevages agricoles. À l’occasion de la clôture du projet, le FiBL a organisé une discussion sur des questions éthiques autour de la garde et du traitement des animaux agricoles avec le docteur en philosophie Christian Dürnberger de l’Université de médecine vétérinaire de Vienne. Les quelque 40 participants de la recherche et de la pratique ont apporté dans les discussions leurs multiples expériences propres.
Dürnberger a commencé par préciser que l’éthique n’est pas une science réservée à des cercles élitaires. Nous y sommes tous confrontés chaque jour quand nous nous posons des questions morales sur notre propre comportement. Nous disposons dans ce domaine d’aides d’orientation venues de différentes obédiences et expériences: la religion, la loi, les attentes sociétales, notre propre conscience.
L'attitude de l’homme à l’égard de l’animal productif
La réflexion éthique sur la relation homme-animal a permis le développement de différentes opinions de base sur les élevages agricoles, a expliqué Dürnberger. Il y a des manières de voir très extrêmes mais cohérentes qui définissent l’animal soit comme un objet soit, au contraire, comme un être qui possède des droits importants.
Ce sont surtout les points de vue situés entre ces positions qui provoquent des débats éthiques. Ils conduisent à de nombreuses questions sur la manière dont nous traitons les animaux agricoles: Est-il suffisant d’éviter les souffrances animales? De quoi un animal a-t-il besoin pour pouvoir mener en plus une bonne vie? Les grandes libertés mènent-elles aussi à plus d’expériences douloureuses? L’éthique peut classer ces questions et proposer une aide, mais les réponses aux questions doivent être trouvées par les personnes ou les sociétés qui se les posent.
Qui a le droit d’utiliser des antibiotiques
L’utilisation des antibiotiques dans la médecine vétérinaire est un thème particulier de la production animale. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) juge que les résistances aux antibiotiques sont une des menaces les plus importantes pour la santé mondiale. Dürnberger souligne que c’est dans ce contexte que la question de savoir quand et comment des antibiotiques peuvent être utilisés pour des animaux revêt une importance particulière.
Les participants à la discussion étaient d’accord sur le fait qu’un monde idéal nous permettrait d’investir beaucoup plus dans la prophylaxie et des conditions-cadres saines dans la production animale, ce qui diminuerait fortement la nécessité des traitements antibiotiques. Il faut pour cela cependant aussi une marge de manœuvre financière qui n’existe souvent pas dans l’agriculture.
Dürnberger a conduit le groupe vers un dilemme éthique: Dans chaque cas individuel, est-ce que c’est le traitement d’un animal ou la préservation des antibiotiques comme option pour les générations futures qui a le plus d’importance? Bien que chaque utilisation d’antibiotiques augmente le risque de formation de résistances, le risque d’une généralisation des résistances n’est pas suffisamment présent dans la perception générale. C’est à cause de cela et de l’anonymité d’une grande société que l’homme agit le plus souvent dans son propre intérêt que dans celui de la collectivité.
Il y a eu pendant cette réunion des échanges fertiles entre les spécialistes agricoles et la science de l’esprit avec plusieurs «moments eurêka» des deux côtés.
Simona Moosmann, FiBL
Pour en savoir plus
Conférence sur l’éthique animale 2022 (Rubrique élevage)
Christian Dürnberger (en allemand)
Université de médecine vétérinaire de Vienne (en allemand)