En raison de la météo défavorable de 2016, un certain nombre de cultures ont eu un rendement et une qualité plutôt faibles. Par exemple, le pois protéagineux a souffert de la graisse du pois (Pseudomonas syringae). Cette maladie ne se manifeste qu’après un hiver doux et durant un printemps extrêmement arrosé. Il n’y a aucun moyen de lutte contre cette bactérie qui se transmet avec les semences. Cette année, la transmission de maladies par les semences touche non seulement le pois, mais un grand nombre de cultures, si bien que de nombreux lots de semences ne réussissent pas le test officiel des semences, qu’il s’agisse de semence bio ou conventionnelle. C’est une situation absolument inhabituelle. Il y a aussi d’autres problèmes qui affectent les lots de semences, comme les impuretés, le taux de germination trop faible, etc. Pour les cultures à semer cet automne, il y a très peu de semences bio certifiées ; en conséquence, le seigle d’automne, l’avoine d’automne, le triticale et le blé fourrager ont été déclassés du niveau de disponibilité 1 au niveau 2. Cela permettra aux producteurs bio de recourir à de la semence conventionnelle non traitée. Malgré cela, il ne sera pas forcément toujours facile de s’approvisionner en cette dernière, car il y en a moins que d’habitude.
La semence de triticale est difficile à trouver. Avant de se rabattre sur l’orge, il faut absolument s’assurer des débouchés possibles pour l’orge, car de nombreux producteurs chercheront à produire de l’orge pour la récolte 2017. Le blé fourrager serait une alternative : Il peut éventuellement être vendu comme blé fourrager : dans ce cas également, il s’agit d’avoir l’accord d’un acheteur potentiel (par exemple la Biofarm) avant le semis de la culture.
Pour le moment il y a encore de la semence d‘épeautre bio. Par contre il y a une pénurie dans le secteur conventionnel ; en cas de besoin, il sera donc difficile d’obtenir de la semence d’épeautre bio conventionnelle non traitée.Il n’y a pratiquement plus de semence de blé panifiable bio. Voilà pourquoi le blé vient d’être déclassé du niveau 1 au niveau 2 de disponibilité des semences bio.
Rappel
Sans autorisation valable dans les mains, il n’est pas possible de recourir à de la semence conventionnelle non traitée. En cas de déclassement du niveau 1 au niveau 2, les marchands de semence peuvent déposer une demande d’autorisation collective. Mais si l’agriculteur bio veut demander lui-même cette autorisation à titre individuel, il a bien sûr aussi la possibilité de le faire en ligne sur www.organicxseeds.ch ; ne pas oublier de mentionner le nom du fournisseur de semence.
Il y a encore une forte demande du marché pour les protéagineux
Cela concerne particulièrement les pois protéagineux et la féverole.
Les pois fourragers (par ex. les variétés EFB 33 ou Pandorra) ne sont pas achetés par tous les moulins fourragers, en raison de leur teneur élevée en substances amères. Ces pois résistent très bien à l’hivernage et ont une croissance luxuriante. Ils sont cultivés en association avec le triticale. Mais la semence de ce dernier est devenue monnaie rare. Si toutefois on en trouve, on peut associer ces deux plantes de la manière suivante : 20 à 40 % de pois fourrager (en % de la densité de semis en culture pure) et 70 % de triticale. Cette recette a relativement bien fonctionné dans un essai pratique du FiBL en 2016. Dès que la densité de semis du pois fourrager a atteint ou dépassé 40%, la culture a complètement versé. On peut donc tenter de semer le pois à 30 %.
Pois protéagineux associés : les variétés usuelles, à développement végétatif modeste, sont associées avec de l’orge à deux rangs, dans la proportion de 80 % de pois et 40 % d’orge. Pour les variétés à fort développement végétatif, comme Dove par exemple, il faut prendre de l’orge à 6 rangs. Mais si la semence d’orge vient à manquer, et celle de triticale de toute façon, on peut donc se demander s’il serait possible d’associer le pois protéagineux au blé fourrager. Il y a très peu d’expériences concernant cette association. On peut supposer que la maturité de ces deux espèces aura lieu à des dates pas trop éloignées l’une de l’autre. Le semis ne devrait pas voir lieu avant la mi-octobre.
Féverole : idéalement, on l’associée à l’avoine ou au triticale. Dans nos essais, les variétés de féverole Olan et Nordica ont fait leurs preuves. Le marché de l’avoine est saturé, et la semence de triticale est devenue monnaie rare. On peut donc tenter de recourir au blé fourrager, mais il ne concurrence les mauvaises herbes probablement pas aussi bien que l’avoine. On a peu d’expérience avec cette association. On sème 80 % de féverole et 40 % de céréale associée, qu’il s’agisse d’avoine, de féverole ou de blé fourrager. Sur parcelles avec faible pression des mauvaises herbes et sur sols ayant peu de réserves en azote assimilable, on peut aussi cultiver la féverole pure.
Comme durant les années précédentes, le FiBL a entretenu également en 2016 un réseau d’essais de cultures associées, afin de poursuivre l’amélioration de la technique culturale. Il est possible d’accéder à tous les rapports d’essais des années précédentes en cliquant sur le lien ci-dessous.
MK
Informations complémentaires
Cultures associées (Rubrique Grandes cultures)