Comment autoévaluer la qualité de son sol

Le sol est volontiers considéré comme une boîte noire. Pourtant il est possible d’y voir plus clair grâce à divers outils pratiques. Du slip test au bocal à cornichons en passant par le bilan humique, inventaire de quelques passerelles qui rendent le sol plus accessible.
Face à la complexité du sol, il est tentant de s’y désintéresser. Pourtant, il existe une multitude d’outils qui fournissent des indicateurs simples de la fertilité du sol ou qui facilitent la prise de décision pour intervenir dans les champs. Voici des outils à pratiquer sur le terrain ou derrière son écran, seul ou en groupe, et choisis pour leur utilité ou leur intérêt didactique.

Evaluer l’état structural du sol

Le test à la bêche est un profil de sol à taille réduite. Il permet de détecter des problèmes de croissance des plantes ou d’observer les effets des pratiques culturales. Des vidéos explicatives, réalisées par le Service bernois de la protection des sols et par le FiBL, sont disponibles pour la pratique.
Une approche plus simple est proposée avec la méthode VESS, qui confronte l’état visuel d’un prélèvement de sol (de friable à très compact) à des photos. Une application a été développée par l’hepia pour accompagner sa réalisation (sous android seulement, intitulée « VESS - Évaluation visuelle structure du sol »).
Il est aussi possible de comparer la stabilité structurale de différentes parcelles en observant comment des mottes de terre se délitent. Pour cela, on les agite à l’aide d’un tamis dans un récipient d’eau (Slake test), ou dans un bocal à cornichons avec sa puisette.

Météo du sol

Si la consultation de la météo sur un téléphone mobile fait partie des pratiques quotidiennes, il devrait en être de même pour le sol. C’est en partie chose possible grâce à un site qui présente en ligne la force de succion et l’humidité du sol, les précipitations, la température du sol et de l'air d’un réseau de stations. Ce site fait également état des risques de tassement et renvoie en particulier à l’outil dédié Terranimo, qui permet une évaluation plus complète en considérant les facteurs clés liés au machinisme et au type de sol.

Bilan humique

Le bilan humique permet d’évaluer dans quelle mesure les pratiques agricoles influencent la teneur en matière organique du sol. Attendu depuis longtemps, un outil est aujourd’hui mis à disposition pour une évaluation à l’échelle de la parcelle et de l’exploitation. Il permet aussi de tester par soi-même l’influence des amendements organiques épandus pour entretenir la fertilité du sol.

Biologie du sol

L’activité des organismes du sol suscite un intérêt grandissant. Des méthodes indicatrices évaluent la décomposition de substrats enfouis dans le sol par une évaluation de la perte de poids. La méthode du sachet de thé recourt à deux types de substrats, du thé vert et du Rooibos, dont la vitesse de décomposition varie. D’autres emballages et sources de nourriture peuvent être utilisées, comme un sachet en nylon rempli de paille, ou un slip en coton (que l’on préférera bio et fair-trade). La méthode des Bait-Lamina se sert de bâtonnets en bois ou PVC, perforés et remplis d’appâts. La proportion d’appâts consommés permet d’évaluer l’activité des organismes du sol et notamment des effets d’écotoxicité.
Ces méthodes visent surtout à comparer différentes parcelles ou à évaluer les effets de différentes techniques au sein d’une même parcelle. Toutefois l’interprétation des résultats reste délicate, même si didactique.

Du diagnostic à la prise de mesure

De ces différentes méthodes, on retiendra que le fait d’auto-diagnostiquer l’état de son sol permet de disposer de nouvelles connaissances et de mobiliser les moyens adéquats pour réaliser un travail efficient, réfléchi en termes de fertilité du sol et de risques d’impact.

Raphaël Charles et Marina Wendling, FiBL

Pour en savoir plus