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La réhabilitation des alpages

Un cours du FiBL de l'année 2016 a montré les possibilités de lutter contre les plantes problématiques dans les alpages. Bien sûr sans herbicides ni défanants. Car la massue chimique, même si elle est toujours plus fréquemment employée, n’est ni efficace durablement ni compatible avec la biodiversité naturelle des alpages.

La progression de l’embuissonnement de cet alpage du canton de Schwytz était impressionnante. À ce stade les plantes problématiques ne se contentent pas de faire baisser les rendements, elles menacent aussi de faire diminuer les contributions pour l’estivage et même de provoquer un dézonage. Cette dernière mesure signifie que le pâturage est cadastré comme forêt et qu’il est désormais totalement exclu de l’exploitation agricole. Le cours sur les possibilités de lutter contre les plantes problématiques dans les alpages, qui avait été organisé de son propre chef par Franz J. Steiner (vulgarisateur du FiBL pour la production animale) tellement il était consterné par la situation, a démontré comment on peut contenir cette végétation sauvage.

Tout est dans la prévention

«La prévention est très importante. Adapter la charge en bétail et les catégories animales aux conditions locales permet souvent – pour ainsi dire – d’étouffer dans l’œuf les plantes problématiques», conseille Martin Hirschi de la vulgarisation agricole du canton de Schwytz. «Mais cela demande de bien connaître son alpage et d’avoir une bonne planification. Il est important que le troupeau, et donc ses déjections et son piétinement, se répartissent le plus régulièrement possible sur toute la surface.» Si les surfaces sont trop peu occupées elles s’embuissonnent avec des cynorrhodons, des aulnes et des sapins, et si elles sont trop fréquentées les sols sont surfertilisés ou trop piétinés, ce qui favorise les plantes herbacées problématiques comme les rumex et les chardons. Les pâturages devraient être subdivisés à l’aide de clôtures électriques faciles à déplacer afin de diminuer les dégâts de piétinement qui marquent certains endroits et de permettre au sol de s’y régénérer avant le prochain passage. Quand le temps est durablement humide, il est aussi très favorable de pouvoir garder les bêtes dans des pâturages plats et plus secs.

Lutter signifie faucher, faucher et encore faucher

Il faut agir de manière cohérente si des plantes problématiques apparaissent. Vérâtres, rumex, fougères et séneçons peuvent être maîtrisés si on les fauche avant la floraison. Il est d’ailleurs important d’enlever les plantes toxiques comme les fougères impériales et les séneçons, qui sont de plus en plus souvent responsables de la mort d’animaux. Cette lutte demande de la persévérance. «Il faut appliquer la règle générale du „3 x 3“», souligne Martin Hirschi. «Cela signifie qu’il faut faucher ces plantes trois fois par année pendant trois ans.» Le moment où on fauche ces plantes est décisif: il faut les faucher quand elles sont jeunes et avant la floraison parce qu’elles rassemblent alors toutes leurs forces en dessus du sol. C’est la seule possibilité: les affamer jusqu’à ce qu’elles meurent. Les fougères, par exemple, doivent être fauchées lorsqu’elles font 30 à 40 cm de hauteur, avant que les feuilles soient entièrement déroulées.

Des praticiens recommandent les chèvres de Boer

Le vulgarisateur Martin Hirschi recommande les vaches écossaises Highland pour lutter contre les aulnes. Elles pressent les branches vers le bas avec les épaules pour manger les feuilles. Hirschi pense en outre que les moutons de l’île de Soay pourraient être utiles contres les ronces et d’autres plantes problématiques. Le mouton de Soay est un ancien type domestique qui a été amené sur l’île de Soay, près des côtes écossaises, soit par des anciens habitants soit par des Vikings, puis il y est redevenu sauvage. Ses particularités sont la chute naturelle de la laine au printemps et son mode de vie. Ces moutons ne forment pratiquement pas de troupeaux et ne se laissent donc pas conduire par des chiens de berger.

Les chèvres en général sont considérées comme la police des alpages. Deux participants au cours ont d’ailleurs déjà fait des expériences positives avec des chèvres de Boer. «Elles mangent volontiers les ronces même quand elle sont déjà relativement grandes», assure un agriculteur. Et elles semblent aussi aimer les aulnes et les cynorrhodons.

Une lutte pour et contre la nature

La forêt buissonnante gagne 1000 ha par année en Suisse sur les alpages mal entretenus. On pourrait penser que cela n’est pas si grave puisque la forêt était là avant nous. Là où il n’y avait pas d’implantations humaines, une seule et grande forêt couvrait l’ensemble de la Suisse en dessous de la limite des arbres qui se trouve à environ 2000 mètres d’altitude. Ce n’est qu’à partir du quinzième siècle que les bergers ont commencé à défricher en altitude pour créer des pâturages. Nous ne leur devons pas seulement les délicieux et uniques fromages de montagne: Les gérants des alpages ont sans le vouloir créé des refuges uniques en leur genre pour de nouvelles espèces animales et végétales. C’est par exemple le cas d’une connaissance de Franz Steiner. «C’est un berger d’alpage loin au-delà de l’âge de la retraite et il conserve un alpage très bien entretenu», raconte Steiner. «Il a toujours son couteau sur lui. Dès qu’il voit un chardon il le coupe – ça ne lui prend que cinq secondes.» La faune et de la flore des alpages, qui sont fragiles, lui en sont reconnaissantes. Parce qu’elles sont dépendantes de l’homme qui exploite les surfaces et tient la forêt en respect. Et tout ça sans poisons.

Franziska Hämmerli, FiBL

 

Dernière mise à jour de cette page: 12.11.2024

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