Inventions de la pratique: Décompacter le sol
Dans cette série, des agriculteurs et agricultrices montrent avec quelles idées ils améliorent les processus dans leur exploitation. Le travail du sol régénératif a inspiré Adrian Stucki pour le développement du décompacteur BL 1300. L'innovation est surtout intéressant pour l'arboriculture et la viticulture.
Selon Adrian Stucki, les rouleaux qui suivent derrière referment le sol pour qu’il émette moins de gaz. En collaboration avec un collègue, il a conçu ce décompacteur ex- près pour les vignes de ce dernier, mais la machine peut aussi être utilisée dans les grandes cultures.
La situation de départ
Adrian Stucki cultive les 11 hectares de la ferme bio Eisen- moos à Tägertschi BE. En plus des herbages et de son élevage de 12 vaches mères, il cultive sur cinq hectares du chou blanc, de la betterave rouge, des carottes du Palatinat, de l’avoine alimentaire et des semences de fleurs sauvages.
Faire revivre le sol
Après avoir suivi en 2019 le cours sur le sol «Grüne Brücke» (pont vert, ndt) pour des méthodes culturales régénératives, ce polymécanicien de profession s’est demandé comment réussir en un seul passage à fracturer les compactages et à renforcer à long terme les sols. Le procédé devait améliorer la capillarité du sol, y faire de la place pour l’eau et l’air, revitaliser la micro- biologie ainsi que favoriser la santé du sol et des plantes.
Pousser au lieu de couper
Le résultat de ce travail de réflexion est le décompacteur BL 1300. Cette sous-soleuse améliorée comprend un châssis avec trois éléments de travail: rouleaux, socs et disques. Les disques qui servent de coutres sont montés à l’avant pour découper superficiellement la couche d’herbe. Derrière les disques suivent les dents munies de socs aplatis.
Ces dents se glissent dans le sol au lieu de découper sa structure. Le sol est ainsi décompacté dans toutes les directions. Il y a juste der- rière ces dents des buses avec lesquelles des microorganismes efficaces peuvent être injectés dans la trace. Le réservoir est placé au-dessus.
Polyvalent
«On a besoin des décompacteurs toute l’année à des mo- ments très différents suivant les cultures», dit Adrian Stucki, qui complète en disant que son décompacteur est utilisé plu- tôt sporadiquement par les producteurs qui le louent. Vu qu’on y fait peu de travail du sol, c’est surtout dans les vignes qu’un décompactage sporadique suffit.
En arboriculture par contre, c’est souvent au début de l’été qu’un décompactage est indi- qué. La demande plutôt faible a été pour lui une des raisons pour lesquelles il n’a pas fait produire son prototype en série.
Investissement dans la résistance
Avec des dépenses d’environ 10 000 francs, la construction sur mandat de la machine a coûté relativement cher. Il n’en reste pas moins que, selon ses surfaces de fruits et de vignes, il vaut la peine d’utiliser le décompacteur chaque année.
L’alternative qui consiste à recourir à une para-charrue donne un résultat fondamentalement différent de celui du BL 1300. Selon son inventeur, ce décompacteur laisse un sol qui peut être im- médiatement colonisé par les racines. Et la combinaison avec le module d’injection permet de soutenir le sol avec des microorganismes efficaces. «Il s’agit en fait de mener le sol dans une direction où il devient plus résistant.»
Jeremias Lütold, FiBL
Cet article est paru dans le magazin Bioactualités 4/2024.
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Dernière mise à jour de cette page: 10.05.2024