La Journée des Légumes bio fait toujours partie du programme des cours du FiBL. Cette journée réunit les représentantes et représentants de tous les secteurs de la branche du maraîchage pour discuter de thèmes actuels. Cette rencontre s’est déroulée cette année le 18 janvier à Olten. Elle était dédiée au point central «Food waste». Au total une cinquantaine de personnes intéressés venant de toute la Suisse ont répondu à l’invitation du FiBL.
C’est tout d’abord le Groupe spécialisé Légumes de Bio Suisse, qui comprend dix membres de la production, de la vulgarisation et de la recherche, qui a donné une vue d’ensemble sur les événements de l’année passée. Une attention particulière a été accordée au développement actuel du marché bio. Le boom qui a caractérisé les dernières années a été en régression à partir du deuxième semestre 2022 pour revenir environ au niveau de 2019 «avant le covid». En outre, l’augmentation des surfaces des cultures (par exemple de carottes) et des rendements élevés ont provoqué une chute des prix alors qu’il y a eu une nette augmentation des coûts de production. La production sous serre a en plus été soumise à de nouveaux défis agricoles comme le virus de Jordanie ou une nouvelle souche de Bremia sur salade. Et pourtant, malgré tous ces défis, quelques lueurs d’espoir ont pu être dégagées pour 2022. On a par exemple pu signaler une nette augmentation des abonnements pour les caisses de légumes bio. Un autre aspect positif se dégage pour le thème de la formation: Sur les 32 apprentis maraîchers en 3ème année d’apprentissage, 20 se trouvent chez des producteurs bio – un signe clairement en faveur de l’agriculture biologique.
Gaspillage de denrées alimentaires: Le statu quo
Le gaspillage de denrées alimentaires, aussi nommé «Food waste» ou «Foodloss», est un phénomène qui a fortement augmenté au cours des dernières décennies. C’est un thème qui, particulièrement en ces temps de changement climatique, doit bénéficier d’une plus grande attention en rapport avec les limites de notre Planète. Claudio Beretta, de la Haute école zurichoise pour les sciences appliquées ZHAW, s’est déjà penché dans le cadre de sa thèse de doctorat sur le gaspillage alimentaire, et il a pu donner aux participants une vue d’ensemble détaillée sur le statu quo: Parmi tous les groupes de produits, ce sont les légumes frais qui enregistrent le plus de pertes de denrées alimentaires (en kilos), suivis par les produits laitiers et les produits boulangers. Les légumes de garde sont nettement moins concernés à cause de leur meilleure conservabilité. Pour les légumes frais, les principaux responsables du gaspillage alimentaire sont d’après les statistiques l’agriculture et les ménages privés. La part du commerce de détail est par contre très minime. Beretta a néanmoins relevé que, dans ce contexte, procéder à des accusations ne mène pas loin et qu’il pense que le commerce de détail doit quand même faire davantage d’efforts. À son avis, le gaspillage des denrées alimentaires ne peut être diminué durablement que par une restructuration tout le long de la filière de création de valeur.
Le rôle des productrices et des producteurs
Pour les productrices et producteurs de légumes présents, il se posait en même temps la question de savoir s’il s’agit déjà de gaspillage alimentaire lorsque des légumes ne sont pas récoltés mais restent sur le champs et sont incorporés au sol. Beretta trouve que, dans cas, il est nécessaire de différencier les choses. Si la récolte doit être détruite par exemple à cause d’une invasion de ravageurs, il ne s’agit pas de gaspillage alimentaire. En revanche, si cela est dû à une surproduction à cause d’une erreur dans la planification des cultures, les pertes sont comptées dans le gaspillage alimentaire. Dans ce cas une optimalisation de la planification de la production peut s’avérer utile. Cette opinion n’est pas seulement celle de Claudio Beretta, mais Reggy Vadakkumcherry, de l’Union maraîchère suisse UMS, la partage aussi. Vadakkumcherry pense que la sensibilisation des clients est une importante vis de réglage dans la lutte contre le gaspillage des denrées alimentaires. Et aussi que de nouvelles technologies comme l’app «SCROPS» pour enregistrer les quantités produites peuvent fournir une contribution. Il s’agit là d’un projet commun de l’UMS et de la Centrale suisse de la culture maraîchère et des cultures spéciales CCM.
Possibilités dans la vente directe
Empêcher le gspapillage de denrées alimentaires ne peut réussir, comme cela a déjà été décrit, qu’en impliquant tous les acteurs et actrices le long de la filière de création de valeur. Matthias Hofer, Category Manager pour les fruits et les légumes à la Coop, était invité à présenter un exposé du point vue du commerce. Selon lui, une importante fonction clé pour diminuer le gaspillage alimentaire est la modification des normes commerciales ainsi que l’achat de fruits et de légumes en fonction des besoins. La Coop cherche en outre à diminuer les pertes en faisant auprès de sa clientèle un travail d’explication et de sensibilisation. Selon Hofer, cette approche est complétée par l’initiative «Ünique» qui a été lancé en 2013. Ce label permet à des concombres tordus, à des carottes à trois jambes et à d’autres légumes qui ne correspondent pas aux idéaux de beauté habituels de trouver leur voie vers les rayons des surpermarchés. Une petite contribution qu’il s’agit de développer.
Chez Stephan Müller aussi, les légumes parfaits ne sont pas les seuls à être mis en vente. Cet agriculteur bio de Steinmaur ZH gère un magasin fermier dans lequel il propose des produits de sa ferme ainsi que de la marchandise achetée. La proximité des clients et un travail actif d’explication lui ont par exemple permis de commercialiser des pommes de terre et des carottes légèrement attaquées par des ravageurs. Selon Stephan Müller, les clientes et les clients font preuve d’une immense compréhension, mais la justesse de la communication reste décisive. Le producteur donne la marchandise complètement hors normes à des organisation d’utilité publique comme «Tischlein deck dich», «Schweizer Tafel» et «Hilfskette». La Journée des Légumes bio s’est terminée avec cet exemple d’engagement modèle.
Tino Hedrich und Anja Vieweger, FiBL-Gemüsebauberatung