Qu’il s’agisse de semis, de traitements, de récoltes ou d’entreposages, les possibilités de collaborations sont nombreuses, mais il faut éviter les mélanges et contaminations, et garantir un flux des marchandises sans faille.
Quoi de plus normal pour un agriculteur bio que de faire semer ses cultures par voisin PER ou un entrepreneur de travaux pour tiers. Cela lui permet d’économiser de coûteux investissements en machines. Mais il doit s’assurer que le semoir est propre et ne contient donc pas de restes de semences conventionnelles, surtout s’il s’agit de semences traitées chimiquement. Si le semoir est muni d’un micro-granulateur, s’assurer que ce dernier est vide, respectivement n’est pas en fonction par inadvertance lors du semis du champ bio. Pour les distributeurs d’engrais et les moissonneuses-batteuses, c’est la même règle de propreté qui prévaut. Pour les botteleuses, vérifier que le distributeur d’agents d’ensilage ou de conservation du foin est vide, fermé, ou utilisé avec des agents d’ensilage acceptés en bio.
Traitements phytosanitaires
Il n’est pas formellement interdit à un agriculteur bio de faire traiter ses cultures par son voisin PER ou par l’entrepreneur, mais cela est fortement déconseillé. En pratique, la plupart des producteurs bio possèdent leur propre pulvérisateur. En effet, les grands distributeurs et les chimistes cantonaux analysent régulièrement les produits bio pour vérifier l’absence de résidus. Et si un producteur bio serait tenu pour responsable d’une contamination avec des produits phytosanitaires classiques, il pourrait avoir des réductions de paiements directs bio et des restrictions de commercialisation dans le canal bio. Donc mieux vaut prévenir que guérir.
Dans le cas d’une reconversion par étape, le recours à un pulvérisateur qui est aussi utilisé sur des cultures PER est formellement interdit.
Prenons la situation inverse. Avant la reconversion au bio, un producteur faisait des traitements phyto pour ses voisins PER. Après sa reconversion au bio, cela ne lui sera plus possible.
Entreposage de récoltes
Un voisin PER manque de place chez lui pour stocker son foin ou ses carottes, par exemple. Il contacte son voisin bio qui a de la place en trop. Ce dernier doit dans tous les cas impérativement annoncer à l’avance ce stockage à son organisme de contrôle bio. L’organisme de contrôle déterminera avec lui à quelles conditions ce stockage peut se faire. Les conditions varient de cas en cas. Par exemple : délimitation claire (avec marquage au sol) d’une partie de la grange dans laquelle seul du foin PER sera stocké ; identification claire des caisses ou paloxes de carottes avec des étiquettes ; définition du texte à mettre sur les étiquettes ; registres d’entrée et sortie des marchandises PER tenus à jour; etc. Si l’organisme de contrôle bio n’était pas préalablement au courant, le producteur bio risque des sanctions. Tout ceci est également valable pour la situation inverse (un producteur bio stocke des marchandises chez un collègue PER).
Pour effectuer du commerce avec des marchandises PER (par exemple du foin), il en va de même : le producteur bio définit à l’avance avec le contrôleur bio à quelles conditions cela peut se faire.
Paloxes et caisses de stockage
Pour le stockage de marchandises bio telles que des pommes de terre, fruits, légumes …, il est conseillé de n’utiliser que des contenants n’ayant pas servi à l’entreposage de marchandises PER traitées avec des produits phyto conventionnels (par exemple produits anti-germes). Le fait de mettre les légumes (par exemple les carottes) dans des sacs en plastique avant de les déposer dans les caisses est une protection supplémentaire.
Maurice Clerc, FiBL
Pour en savoir plus
Précautions d’usage lors de l’utilisation des machines d’autrui (rubrique Cultures)
La pompe à traiter doit-elle être obligatoirement «bio»? (rubrique Cultures)
Fiche technique «Les risques de l’utilisation des machines d’autrui» (FiBL Téléchargements et boutique en ligne)
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Echanges d’engrais de ferme entre agriculteurs bio et agriculteurs non bio (rubrique Cultures)
Pâture, achat de bovins, animaux en pension: collaborations entre paysans bio et paysans non bio (rubrique Bovins)