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Expérimentations en agroforesterie et vente directe

Nouvelle  | 

L’exploitation Ableten à Meilen, près de Zurich, combine la production de fruits et de bois avec des éléments de biodiversité sur deux parcelles agroforestières très diversifiées. Une gestion sophistiquée de l’eau veille au meilleur équilibre hydrique possible. Les exploitants Lukas et Jeannine van Puijenbroek, ainsi que l’expert en agroforesterie Philipp Gerhardt ont présenté le système lors d’une excursion sur l’agroforesterie du FiBL, qui a eu lieu fin septembre.

Les rangées d’arbres suivent les fossés et assurent une meilleure stabilité. Photo : FiBL, Simona Moosmann

Philipp Gerhardt (à gauche) et Lukas van Puijenbroek (à droite) ont planifié ensemble le système agroforestier, qui est en place depuis 2021. Photo : FiBL, Simona Moosmann

Un réseau de conduites amène l’eau excédentaire dans les fossés. Photo : FiBL, Simona Moosmann

Jeannine van Puijenbroek (au milieu) a expliqué au groupe le principe de l’auto-récolte au sein de la coopérative Minga vo Meile. Photo : FiBL, Simona Moosmann

L’exploitation Ableten produit des fruits et des légumes pour la coopérative Minga vo Meile. L’activité de vente directe bien établie permet aux exploitants de tenter des expériences et de cultiver des fruits très particuliers.

Des noix de pécan ainsi que des variétés de chêne blanc pauvres en tanins et dont les glands sont comestibles poussent ainsi sur la parcelle située sur les hauteurs de Meilen. Les membres de la coopérative peuvent aussi récolter des prunelles, des baies d’argousier et d’épine-vinette ainsi que des nèfles dans la haie de fruitiers sauvages se trouvant dans le jardin.

Expérimentation contre sécurité

Expert en agroforesterie, Philipp Gerhardt a accompagné techniquement la mise en place de ces systèmes à Meilen et planifié la gestion de l’eau selon le principe du Keyline Design. Il a souligné que des systèmes aussi complexes que ceux de Meilen n’ont de perspectives qu’au travers de l’activité de vente directe qui fonctionne bien.  

Dans les systèmes agroforestiers aménagés sur de grandes surfaces, la production de fruits n’est généralement pas rentable et on se centre sur des objectifs tels que le rendement en bois ou l’utilité écologique. « Il faut trouver un équilibre entre l’expérimentation avec des variétés particulières et des arbres et arbustes qui fonctionnent avec certitude sur le marché », constate Philipp Gerhardt.  

Des fossés contre l’érosion

Avant l’aménagement du système agroforestier, l’humus de la parcelle située sur les hauteurs de Meilen était lessivé lors de fortes pluies, a expliqué Lukas van Puijenbroek, ce qui représentait une perte financière.

Dans le même temps, l’eau ne suffisait pas durant les périodes sèches, ou était irrégulièrement disponible. Des fossés devraient apporter une aide en répartissant mieux l’eau et en la ralentissant.

Philipp Gerhardt a aussi planifié des déversoirs et un système de conduites permettant de gérer aussi de fortes précipitations amenant de grandes quantités d’eau. Un bassin de sédimentation a été aménagé au pied de la parcelle. Cela représente une véritable innovation, qui n’existait pas avant sous une forme comparable. La plantation des rangées d’arbres a apporté davantage de stabilité aux butées des fossés.

Combiner vitesse et lenteur

Des essences à croissance rapide et lente ont été combinées dans les rangées d’arbres. L’objectif est d’obtenir un rendement en bois à brève échéance avec les essences à croissance rapide et de réduire la densité d’arbres lors de leur récolte.

Philipp Gerhardt a mentionné des questions importantes qui se posent lors du choix des espèces et des variétés pour un système agroforestier : quelle forme de croissance les arbres développent-ils au cours du temps et quel sera le rôle et la place que prendront plus tard les différents arbres ?

L’exploitation opte aussi pour certaines essences en raison de la progression du changement climatique. Lukas van Puijenbroek estime que les amandiers disposent de grandes perspectives d’avenir en Suisse.  

Financement sur plusieurs décennies

« Ce qui est intéressant avec les projets agroforestiers, c’est que nous planifions sur des durées beaucoup plus longues qu’habituellement dans l’agriculture », relève Philipp Gerhardt. Sur le plan financier, l’exploitation doit toujours fonctionner en avançant des prestations avec un système agroforestier.

C’est pourquoi il est important de réfléchir à quand et comment le système fournit des rendements, selon l’expert en agroforesterie. Entre les deux, il y a des périodes qu’il faut surmonter. Des possibilités de soutien pour cela sont encore partiellement en discussion. Des paiements compensatoires existent en Suisse, du moins pour les arbres et les mesures de promotion de la biodiversité.

À côté de cela, l’exploitation Ableten travaille aussi avec des parrainages d’arbres. Le rendement des champs fournit aussi un apport financier. L’exploitant considère toutefois que les grandes cultures vont fortement diminuer dans quelques décennies en raison des rangées d’arbres relativement serrées.

Défis posés par les rongeurs

« C’est un fait : les rongeurs sont un problème dans les systèmes agroforestiers », tel est le constat sans équivoque de Lukas van Puijenbroek. La pression des rongeurs est notamment très élevée en raison de la fauche tardive des rangées d’arbres.

L’exploitation entend maîtriser les rongeurs avec des structures favorisant la biodiversité, tels que des tas de branches et de bois. Une hermine s’est déjà installée dans une pile de bois en lisière de forêt.

Une offre en fruits particulière

Les époux van Puijenbroek exploitent deux grands jardins à la ferme, où poussent des cultures annuelles et pluriannuelles.

Le système destiné aux cultures pluriannuelles fait penser à un jardin-forêt, qu’on appelle aussi forêt comestible : la parcelle est structurée en plusieurs strates. Les arbres fruitiers thermophiles et de petite taille poussent à l’avant, en direction du sud, les noyers dans la partie arrière de la parcelle. Entre les rangées d’arbres, on trouve de la rhubarbe, des baies et des asperges vertes.

La visite du jardin, avec ses nombreux fruits particuliers, a été un délice et a conclu les discussions passionnantes au sujet des parcelles agroforestières.  

Simona Moosmann, FiBL

L'excursion fait partie de la formation continue dans le cadre de la nouvelle installation agroforestière au FiBL à Frick. Le projet est financé par la fondation Leopold Bachmann.

Pour en savoir plus

Toutes les nouveautés sur l'agroforesterie du FiBL à Frick (Rubrique cultures)
Projet (FiBL Projets)
Genossenschaft Minga vo Meile (Site web; en allemand)
Agroforstberatung Philipp Gerhardt (Entreprise Baumfeldwirtschaft; en allemand)

Remarque: ce texte est une nouvelle du jour. Il ne sera pas actualisé ultérieurement.

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