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Gestion de l'humus spécifique à l'exploitation

La gestion de l'humus sur l'exploitation a pour objectif de maintenir ou d'augmenter à long terme la teneur en humus du sol. Il s'agit d'alimenter le sol en biomasse et de l'entretenir par différentes méthodes afin de favoriser la formation d'humus.

 

Les pratiques importantes dans la gestion de l'humus sont la rotation des cultures, les engrais verts et les sous-semis, le compostage, et le travail (réduit) du sol. Ces méthodes permettent d'accumuler de la matière organique dans le sol ou de la maintenir à un niveau élevé, améliorant ainsi la structure du sol, augmentant la rétention d'eau et de nutriments et préservant la fertilité du sol à long terme.

De nombreuses mesures pour une gestion durable de l'humus s'intègrent facilement dans les pratiques agricoles courantes. L'expérience montre qu'avec de l'intérêt, de l'observation et un peu de patience, il est possible de trouver des solutions pour chaque exploitation. La gestion de l'humus reste toutefois un processus d'apprentissage continu.

Planifier une stratégie de régénération de l’humus sur son exploitation

La planification d’une stratégie de régénération de l’humus nécessite des connaissances sur les facteurs d’influence au niveau de l’exploitation. Comment utiliser au mieux ces facteurs? Les quatre étapes suivantes permettent d’utiliser ces facteurs pour une gestion optimale de l’humus.

 

1. Évaluer la situation actuelle

L'outil en ligne humusbilanz.ch permet de calculer un bilan humique sur l'ensemble de l’assolement et de l'exploitation. Le calculateur d'humus donne la tendance si la culture favorise ou diminue la teneur en humus. Le bilan humique compare l'apport et la dégradation de la matière organique en tenant compte de la teneur en argile, du pH et des cultures pratiquées. L'apport d'engrais organiques est également pris en compte.

Le bilan humique permet une estimation grossière par parcelle ainsi que pour l'ensemble des parcelles. Des observations personnelles et des paramètres supplémentaires peuvent aider à évaluer, au-delà du bilan humique, la situation dans sa propre exploitation et à identifier d'éventuels déficits:

État du sol

  • Y a-t-il des surfaces cultivées présentant des signes d’érosion?
  • Y a-t-il des surfaces menacées par l’érosion et cultivées à des fins agricoles ou maraîchères?
  • Y a-t-il des problèmes de battance ou de compactage?
  • Y a-t-il des endroits où les plantes présentent des problèmes de croissance?

Travail du sol

  • Comment et à quelle fréquence les opérations de travail du sol sont-elles effectuées?

Circuits fermés

  • Les cycles sont-ils bien fermés sur l’exploitation? Le fourrage et la paille sont-ils restitués aux surfaces cultivées sous forme de fumier, de compost et de lisier?
  • Est-ce que de grandes quantités de fourrage, de paille ou de récoltes quittent l’exploitation?

Rotation des cultures

  • Quelle est la part des cultures consommatrices d’humus et celles productrices d’humus?

Sous-semis, cultures dérobées et engrais verts

  • Ces mesures sont-elles déjà intégrées dans la rotation des cultures?

Apport d’engrais et d’autres sources de carbone

  • Des engrais sont-ils achetés à l’extérieur de l’exploitation?
  • Quel est le rapport C/N des engrais apportés? Servent-ils à la fertilisation (N en quantités importantes) ou à la formation d’humus (C en quantités importantes)?

2. Identifier les possibilités sur l’exploitation

Le type de possibilités d’amélioration et leur étendue varient d’une exploitation à l’autre. Les réponses aux questions suivantes peuvent fournir des indications sur les améliorations possibles.

Travail du sol

  • Est-il possible de réduire l’utilisation de la charrue?
  • Est-il possible de réduire l’intensité du travail du sol avant certaines cultures?
  • Est-il possible de supprimer entièrement ­certaines étapes du travail du sol?

Cultures

  • Quelles sont les cultures productrices d’humus, qui pourraient enrichir la rotation des cultures?
  • Les résidus de récolte restent-ils sur les ­parcelles, dans le cycle des éléments nutritifs de l’exploitation ou quittent-ils celle-ci?

Engrais verts

  • Y a-t-il des pauses de culture de plus de 4 ­semaines pendant lesquelles des engrais verts ne sont pas semés?

Sous-semis

  • Lorsque l’implantation estivale de couverts végétaux est délicate est-il possible de mettre en place des sous-semis (céréales, oléagineux, maïs, féveroles)?

Apport de supports carbonés

  • Le bilan nutritif permet-il d'apporter des sources de carbone supplémentaires, comme le compost?

Gestion spécifique / modulation interparcellaire

  • Est-il possible de renoncer à des cultures à faible couverture du sol sur des surfaces sensibles à l’érosion?
  • Est-il possible de remplacer les terres assolées par des prairies permanentes sur les terrains en pente ou d’intégrer des bandes de prairies aux endroits où la déclivité est importante?

Pression au sol

  • Est-il possible de réduire le poids des machines?
  • Est-il possible de réduire le nombre de passages dans les prairies et les cultures?

Tassement du sol

  • Les sols compactés peuvent-ils être ameublis en profondeur?

Extensification

  • Est-il possible de procéder à une extensification ciblée des zones influencées par l’humidité stagnante ou les nappes phréatiques?

3. Mise en œuvre de mesures

Dans certains cas, il n’est pas possible d’adopter une gestion totalement cohérente de l’humus d’une exploitation agricole pour des raisons liées aux conditions du marché, aux contraintes de travail ou aux enjeux sociétaux.

Les avantages à long terme d’une gestion efficace de l’humus doivent être mis en balance avec les autres intérêts de l’exploitation. Les mesures les plus faciles à mettre en œuvre sur l’exploitation et les plus prometteuses devraient être priorisées.

Pour minimiser les risques financiers, il est recommandé de mettre en œuvre les changements de manière graduelle et d’adapter progressivement les pratiques qui ont fait leurs preuves jusqu’à présent. En cas de doute, il peut être judicieux de tester d’abord les mesures sur des surfaces partielles. Cela permet de vérifier la faisabilité à court terme et d’envisager l’impact à moyen et long terme.

4. Contrôle de l'efficacité et adaptation des mesures

Les processus dans le sol sont complexes et, en ce qui concerne la teneur en humus, ils peuvent parfois n’être identifiables et mesurables qu’après de nombreuses années. Comme les teneurs en humus varient fortement au sein des parcelles en raison du type de sol, mais aussi au cours de l’année et de la rotation des cultures, en fonction des conditions météorologiques et des cultures, il est difficile d’évaluer l’efficacité d’une mesure spécifique.

En raison de la complexité de la dynamique de l’humus dans le sol, il est recommandé de penser à long terme en ce qui concerne les mesures qui favorisent la formation d’humus et de documenter les changements effectifs sur plusieurs années. Des relevés et des photos peuvent être utiles pour la documentation. Pour pouvoir comparer, il peut être utile de maintenir les techniques culturales habituelles sur une partie d’une parcelle (témoin) ou de renoncer à une mesure choisie.

Les changements dans le sol et la croissance des plantes doivent être considérés à court et à long terme et mesurés à l'aide de différents instruments. Diverses méthodes peuvent être utilisées pour vérifier les résultats. L’idéal est de les combiner: test à la bêche, relevé des rendements, mesure analytique de la teneur en humus (analyse de sol) et bilan humique.

Jeremias Niggli, Daniel Böhler, Tim Schmid (FiBL)

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