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Pommes de terre sous pression: réussir avec des variétés robustes

Nouvelle  | 

2024 a été une année difficile pour les cultures de pommes de terre. On estime que les récoltes de pommes de terre bio seront inférieures de 50 pourcent cette année. Les pluies persistantes au printemps ont favorisé la propagation de maladies fongiques telles que le mildiou. Les variétés robustes se sont révélées essentielles au succès de la culture, en particulier en production biologique.

Photo de groupe dans l'essai variétal : Hans-Jakob Schärer du FiBL, Andreas Bisig de Bio Suisse, Andreas Rüsch de Rathgeb Bio et Tobias Gelencsér du FiBL. Photo: Saskia Minneboo, FiBL

L'agriculteur d'Andelfingen Heinz Höneisen de Thurlandbio a présenté les deux variétés Queen Anne et Vitabella en comparaison. Photo : Saskia Minneboo, FiBL

Des différences nettes dans une année difficile: comparaison des variétés Vitabella et Queen Anne. Trois plantes vivantes ont été déterrées. Photo: Saskia Minneboo, FiBL

Une conférence de presse du FiBL a permis aux journalistes de mieux comprendre les défis à relever dans la culture de pommes de terre bio, ainsi que de découvrir des approches innovantes de la recherche on-farm, une collaboration entre le FiBL et des agricultrices et agriculteurs motivés par l’expérimentation.

Des pertes douloureuses

Pour Heinz Höneisen, producteur de pommes de terre bio chevronné de Thurlandbio, à Andelfingen (ZH), il est douloureux, aussi financièrement, de voir ses cultures de pommes de terre, sans défense, à la merci du mildiou. Les plantes comptent beaucoup pour lui, il met beaucoup de cœur dans son travail. Malgré la mauvaise année pour les pommes de terre, les plantes de ses champs sont saines. Le producteur du Weinland zurichois sait que les anciennes variétés ne font souvent pas le poids face aux maladies fongiques.

C’est pourquoi Heinz Höneisen est chaque année à la recherche de nouvelles variétés robustes. « On peut faire tout juste avec la culture, mais si la variété ne convient pas, tout le reste n’a servi à rien », explique-t-il. Il a montré des différences impressionnantes de rendement entre la variété « Queen Anne », sensible au mildiou, et « Vitabella », une variété robuste qui a fourni environ 60 % de rendement supplémentaire avec des tubercules relativement grosses.

Toutes les pommes de terre ne se ressemblent pas

Sur les champs de l’entreprise familiale Rathgeb Bio, à Unterstammheim (ZH), entre 20 et 30 variétés différentes de pommes de terre sont cultivées chaque année. Les exigences des divers segments du marché de la pomme de terre sont très variées. Les pommes de terre destinées à la consommation fraîche sont catégorisées en variétés à chair ferme (emballage vert), à chair plutôt ferme (emballage rouge) et à chair farineuse (emballage bleu). En outre, il existe des variétés spéciales pour la raclette (emballage brun) et les grenailles (petites pommes de terre, généralement en barquettes).

Pour la production de frites, on utilise de grosses tubercules jaune clair qui ne brunissent pas lors de la cuisson et qui doivent présenter une teneur minimale en amidon. Les productrices et producteurs ont eux aussi des exigences : ils ont besoin de variétés robustes avec une bonne aptitude à la conservation.

En cultivant plusieurs variétés différentes, on minimise le risque de pertes totales. « Il n’y aura jamais de pomme de terre parfaite en tous points », estime Andreas Rüsch, responsable des cultures de Rathgeb Bio. Il souhaite davantage de flexibilité de la part de la filière en ce qui concerne la forme et la couleur des tubercules. Chaque année, il met en place des essais variétaux en collaboration avec le FiBL et Agroscope. Une cinquantaine de variétés sont testées sur de petites parcelles et d’autres sur de plus grandes surfaces. En raison des exigences élevées envers les variétés de pommes de terre, seules quelques-unes sont retenues.

Recherche on-farm et protection phytosanitaire

Pour transférer la science du papier jusqu’au champ, le FiBL teste depuis plus de 40 ans de nouvelles techniques culturales, par exemple dans les pommes de terre, en étroite collaboration avec des agricultrices et agriculteurs motivés par l’expérimentation. Outre des pratiques visant à promouvoir la biodiversité, on recherche, de manière générale, à diminuer l’usage du cuivre.

Le cuivre est jusqu’à présent la seule substance active autorisée en agriculture biologique pour lutter contre Phytophtera infestans, l’agent responsable du mildiou. Comme le cuivre ne produit pas de résistance, il est aussi souvent utilisé dans l’agriculture conventionnelle. En tant que fongicide de contact, il perd toutefois son efficacité aussitôt qu’il est lessivé par la pluie, ce qui représente un problème lors d’années pluvieuses comme celle-ci. Afin d’obtenir à nouveau une efficacité, le traitement doit être renouvelé. Le cuivre est un métal lourd qui peut s’accumuler dans le sol et ne constitue donc pas une solution à long terme.

Alternatives au cuivre en agriculture biologique

La culture en bandes est une alternative prometteuse. Les pommes de terre sont cultivées sur de larges bandes avec d’autres cultures, telles que des carottes, des betteraves rouges ou de l’avoine. Il en résulte un effet de barrière qui peut ralentir la propagation du champignon. Cette méthode favorise la biodiversité et embellit le paysage. Grâce aux tracteurs pilotés par GPS, elle est toujours plus facile à mettre en œuvre, a expliqué Tobias Gelencsér, co-responsable du groupe Technique de production en grandes cultures au FiBL.

Par ailleurs, un stimulateur de résistance prometteur, qui renforce les défenses immunitaires des plantes, attend l’autorisation de la Confédération, a poursuivi le scientifique. La principale mesure pour réduire l’usage du cuivre reste toutefois le choix de variétés robustes. Cela nécessite une analyse approfondie de l’ensemble de la chaîne de valeur, en particulier des débouchés. 10 à 20 ans peuvent s’écouler depuis la création d’une nouvelle variété de pomme de terre jusqu’à sa commercialisation. 

En agriculture biologique, on applique généralement une protection phytosanitaire globale : une combinaison de mesures préventives, telles que la promotion de la biodiversité, une hygiène stricte au champ et l’utilisation ciblée de produits phytosanitaires, explique Hans-Jakob Schärer, co-responsable du Département des sciences des plantes et de phytopathologie au FiBL.

Quand la demande dépasse l’offre

Selon les prévisions de Bio Suisse, des pommes de terre Bourgeon devront être importées de l’étranger cette année. Ces importations ne seront autorisées que si la demande dépasse l’offre, explique Andreas Bisig, responsable du Département Marchés. Les pays voisins ont cependant dû faire face aux mêmes conditions défavorables.

En Suisse, un franc sur quatre du chiffre d’affaires de la pomme de terre est dépensé pour des pommes de terre bio. Ces dernières années, les surfaces cultivées ont pu être constamment augmentées.  Cette année, toutefois, la récolte sera inférieure de 50 pourcent selon les estimations. Bien qu’élevé, le prix indicatif, de Fr. 104.15 / 100 kg, ne parvient pas à indemniser les producteurs de pommes de terre bio. Dix variétés robustes sont désormais autorisées pour la culture en Suisse. Il manque cependant encore suffisamment de plants et de canaux de vente.

Saskia Minneboo, FiBL

Pour en savoir plus

Pommes de terre (Rubrique Grandes Cultures)

Remarque: ce texte est une nouvelle du jour. Il ne sera pas actualisé ultérieurement.

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