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Création d’un réseau pour la filière du lupin

Nouvelle  | 

Sous l’égide de Lupinno, une trentaine de personnes se sont réunies pour réfléchir aux initiatives qui permettraient de démocratiser la consommation du lupin en Suisse, et de développer une filière indigène pour l’alimentation humaine de la sélection variétale à la transformation.

Le développement de variétés de lupin blanc est actuellement mené par le FiBL dans le projet Lupinno Suisse. Photo: Christine Arncken, FiBL

L'un des principaux résultats de l'atelier conduit en Suisse romande est la mise en place d’un réseau regroupant toutes les parties prenantes intéressées par la culture, la transformation et la commercialisation du lupin à l’échelle nationale. Le réseau servira de plateforme pour l'échange de connaissances et la collaboration, éléments essentiels pour le développement de la filière en Suisse.

L’objectif est d’offrir un soutien dans la production, la recherche de partenaires et d’infrastructures de traitement et de transformation des graines, mais aussi dans la promotion du lupin. Les premiers pas dans la création d’un tel réseau ont déjà été faits côté alémanique en collaboration avec le Strickhof (Canton Zürich) en 2022. Il compte une soixantaine de membres qui se réunissent trois fois par an au sein de groupes d'expérience dans les domaines de la culture et de la transformation. Afin de bénéficier d’une même dynamique et d’assurer une large diffusion des connaissances, la Suisse romande sera intégrée à ce réseau existant. La création d’une section francophone semble l’option la plus adaptée. Elle proposera des rencontres romandes et des visites sur le terrain une à deux fois par année.

La sélection variétale, une clé de la réussite
Avec une teneur en protéines pouvant atteindre 40 pourcent, le lupin est une alternative locale au soja. Surnommée le "soja du Nord", cette légumineuse se prête bien à la culture en Suisse et supporte des endroits plus frais et en altitude. Les lupins aiment les sols bien perméables et légèrement acides. En revanche, une teneur accrue en calcaire peut réduire considérablement les rendements. A cela s’ajoute le défi de l'anthracnose, une maladie fongique qui peut fortement endommager la croissance du lupin et entraîner une forte baisse des rendements, voire une perte totale de la récolte.

Les essais variétaux sur le lupin blanc soutenus par l’OFAG ont donné des résultats encourageants. «Les variétés Frieda et Celina présentent une certaine résistance à l'anthracnose avec de bons rendements et ce, même pour une année difficile comme 2021» précise Christine Arncken, agronome du FiBL.

L’autre défi largement discuté est la présence d'alcaloïdes à des teneurs variables et aléatoires dans les variétés de lupin testées entre 2015 et 2022 en Suisse. Les alcaloïdes sont des composés naturels produits par la plante pour se protéger des agresseurs. Leur présence entraîne une amertume indésirable et même préjudiciable à la santé à des doses élevées. Malgré l’apparition de variétés douces comme Frieda sur le marché, les teneurs sont encore très variables d’une année à l’autre et dépassent les seuils recommandés pour l’alimentation animale et humaine. Tous les acteur-rices de la filière s’accordent sur le fait que la réduction des alcaloïdes par la sélection variétale et la transformation sera essentiel pour le succès de la culture du lupin en Suisse.

Du potentiel pour le marché suisse
Une enquête menée par le FiBL auprès de 500 personnes vivant en Suisse confirme l’intérêt pour le lupin. Deux tiers des personnes sondées sont en faveur d’une culture locale. Moins connu que ses cousins le pois chiche ou la lentille, seul-es 28% des répondant-es en ont déjà goûté. Néanmoins, une grande majorité envisage d’acheter et de consommer des produits peu transformés à base de lupin comme la farine, des tartinades ou encore en saumure. C’est d’ailleurs sous ce format très répandu sur le bassin méditerranéen qu’il est apprécié pour l’apéritif.

Perçu comme une source intéressante de protéines végétales alternative au soja, le lupin présente des bénéfices environnementaux et nutritionnels. L’intérêt se porte principalement sur son pouvoir rassasiant, une haute teneur en fer, une faible teneur en matières grasses, une culture respectueuse des abeilles et économe en ressources, et qui ne nécessite pas d’engrais.

A l’instar des autres légumineuses, les produits peu transformés et « prêt-à-consommer » sont plus attractifs pour les consommateur-rices. Les graines entières et à germer sont moins recherchées. Il est donc important de réfléchir aux débouchés avant de se lancer dans la culture et la vente directe de lupin. Bruno Graf, agronome et producteur à la ferme du château à Payerne expérimente la culture en bio et la transformation des lupins bleu et blanc pour l’alimentation humaine depuis presque dix ans. Un mélange de créativité et de conviction le conduit à tester le lupin sous différentes formes. Il le propose en vente directe sous forme de farine pour l’utiliser en remplacement des œufs ou dans des pâtes sans gluten, des graines à faire germer et plus récemment des graines entières torréfiées comme alternative locale au café. « Je reçois de plus en plus de demandes pour du lupin torréfié des particuliers et boutiques Bio de la région. C’est bien de sentir un engouement grandissant autour du lupin, mais tout de même discutable d’utiliser une source riche en protéines locales pour fabriquer ce type de boisson » précise-t-il.

Et dès lors quid des alcaloïdes pour la transformation ? L’agronome reconnaît que cela complique la tâche et qu’une étape de désamérisation est parfois nécessaire selon le type de produit fini souhaité. Pour cela, les méthodes traditionnelles telles que le trempage des graines sont suffisantes et encore largement employées dans certains pays d’Afrique et du Sud de l’Europe. Des solutions existent donc en complément de l’arrivée sur le marché de variétés pauvres en alcaloïdes.

Réseau Lupinno
Le FiBL et le Strickhof mettent en réseau les personnes intéressées par cette filière dans le cadre du projet Lupinno financé par l’OFAG. Toute personne souhaitant des conseils de la production à la transformation, ou intéressée par les débouchés pour sa production de lupin peut intégrer le réseau « Protein Power Netzwerk » en s’annonçant aux personnes ci-dessous.

Ludivine Nicod, Marina Wendling, FiBL et Dany Schulthess, Strickhof

Cet article est paru dans le journal Agrihebdo n°14 du 7 avril 2023.

Pour en savoir plus

Lupinno Suisse (Rubrique cultures)
La culture du lupin en bio (Rubrique cultures)
Légumineuses à graines (Rubrique cultures)

 

Remarque: ce texte est une nouvelle du jour. Il ne sera pas actualisé ultérieurement.

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