«Les Pouilles sont une région fertile dans laquelle de nombreuses cultures agricoles différentes ont déjà été pratiquées», a dit dans son allocution de bienvenue Eduardo Cuoco, le directeur d’IFOAM Organics Europe (l’organisation faîtière européenne de l’agriculture biologique) pour expliquer le choix du lieu de la deuxième édition de l’Organics Europe Youth Event (OEYE). Pas seulement les Pouilles, mais aussi l’hôte de l’événement, le CIHEAM Bari (en français: Institut agronomique méditerranéen de Bari), peuvent se référer à une histoire passionnante : cela fait plus de 60 ans que ce campus effectue de la recherche bio et forme des étudiants de tout l’espace méditerranéen. Maurizio Raeli, le directeur de CIHEAM Bari, a souligné qu’il existe depuis de nombreuses années une coopération avec IFOAM Organics Europe, l’institution qui organise l’événement.
La diversité est au programme
Les participant·e·s ont bénéficié pendant trois jours d'un programme très varié qui utilisait plusieurs types de supports. Une table ronde de discussions était consacrée aux points communs et aux différences des courants «bio», «biodynamique», «agroécologie» et «agriculture régénérative». Une conclusion importante était que tous ces systèmes agricoles ont les mêmes principes de base, régénèrent nos sols et veulent concevoir une production alimentaire plus durable.
Collaborer malgré les différences
Une collaboration positive du mouvement bio avec ceux qui n’ont pas de normes ancrées dans la législation mais poursuivent les mêmes buts est donc particulièrement souhaitable. La discussion a cependant aussi montré que cette collaboration n’est pas facile à mettre en œuvre dans la pratique – par exemple, la certification ne revêt pas la même importance dans tous ces courants. D’autres exposés et débats étaient consacrés à des thèmes comme le potentiel de l’agriculture biologique dans les régions protégées. Ces «districts bio» sont soumis à des directives propres qui sont toujours convenues entre les autorités locales et les organisations de ces districts.
Visibilité des gens «différents» dans l’agriculture
La question du renforcement du rôle des gens «différents» (aussi appelés «queers») dans l’agriculture a également été discutée. Natasha Ervilha, de «Queering Agriculture», a parlé des défis que les personnes différentes rencontrent dans l’agriculture. En font partie le manque d’acceptation par la famille et la société, l’accès à la terre et un manque de soutien par la communauté (notamment agricole). Natasha Ervilha a plaidé pour que le mouvement bio joue aussi dans ce domaine un rôle de précurseur et pour qu’il s’engage pour l’élimination de ces obstacles. Un processus qui commence déjà par l’acceptation de se confronter à un thème qui n’a pas encore reçu beaucoup d’attention en Europe.
Le bio vu comme mouvement politique
Ronald van Marlen, de la société commerciale NaNa Bio BV, s’est exprimé pour que l’aspect politique ne soit pas négligé en tant qu’élément central du mouvement bio. Le bio a en effet commencé comme une réaction au système conventionnel – il faut retrouver cet aspect narratif pour, aussi aujourd’hui et à l’avenir, continuer de se dresser activement contre les problèmes inhérents au système alimentaire. «Le réseau bio devrait faire partie d’un mouvement sociétal plus large, car la transformation du système alimentaire ne peut pas s’effectuer indépendamment de modifications dans d’autres domaines de notre société», a dit Ronald van Marlen.
Un jeune réseau bio se crée
Le leitmotiv de base qui sous-tendait toutes les rencontres était que la jeune génération joue un rôle central pour faire évoluer la conception du mouvement bio et faire avancer une transformation agroécologique. Un des buts de l’OEYE de cette année était donc aussi de renforcer le groupe diversifié des «young organic leaders» et de les mettre en réseau entre eux. Sous la direction de l’IFOAM et celle de Cristina Laurenti (collaboratrice scientifique au FiBL et coordinatrice de l’Agroecology Europe Youth Networks) et de Lennart Bertels (agriculteur et président de l’association Junges Bioland e.V.), des jeunes représentant-e-s de la recherche, du commerce et de la pratique ont discuté des étapes possibles qui peuvent mener à l’établissement d’une «jeune voix bio européenne». Cela n’a rien d’une tâche simple puisque, comme c’est aussi le cas en Suisse, la «jeune voix bio nationale» n’existe encore quasiment pas dans de nombreux pays.
Une danse pour apprendre à sortir du lot
Des espaces supplémentaires pour apprendre à se connaître et former des réseaux ont été créés à l’occasion d’une soirée avec un programme récréatif. C’est sur la musique du groupe populaire local «Tamburellisti di Torre Paduli» que les participant·e·s ont appris les pas de base de la danse des Pouilles nommée «Pizzica». L’exercice s’est poursuivi avec enthousiasme jusque tard dans la nuit, et il a symboliquement permis aux jeunes gens de voir qu’il est et restera à l’avenir possible de se mettre courageusement et ensemble en route pour sortir du lot.
Mirjam Schleiffer et Rike Teuber, FiBL
Pour en savoir plus
Rétrospective OEYE d'IFOAM (Site organicseurope.bio)
10 take-aways d'OEYE (Site organicseurope.bio)
La durabilité en agriculture biologique: Fondements et principes