Michael Müller gère l’installation de biogaz d’Oeko Energie GmbH depuis 16 ans. Lors de la journée technique ProBio, il a partagé ses expériences, complétées par des explications de Benjamin Jungblut, d’Ökostrom Schweiz. Après la visite de l’installation, Paul Assmus, de Bio Suisse, a fourni des informations sur la révision des directives et les réflexions concernant le chapitre Fertilisation du cahier des charges de Bio Suisse. Les participants ont ensuite eu l’opportunité de discuter des teneurs en humus et des produits méthanisés, des cycles des éléments nutritifs, de la protection du climat et de la rentabilité des installations de biogaz.
La visite a mis en évidence la diversité des liens existants entre ce thème et d’autres domaines, tels que la protection du climat, la production d’énergie, l’élimination de la biomasse, l’approvisionnement en éléments nutritifs et les cycles. La discussion sur les installations de biogaz et les produits méthanisés comporte des aspects aussi bien positifs que négatifs dans la perspective de l’agriculture biologique. D’une part, les exploitations biologiques ayant accès à une installation de biogaz réduisent leurs émissions de CO2 et améliorent leur bilan climatique. D’autre part, des critiques sont formulées, entre autres, à l’égard des éléments nutritifs rapidement disponibles des produits méthanisés et de leur utilisation.
Éléments principaux de la visite de l’installation d’Oeko Energie GmbH, au Riethof, Eschlikon (TG) :
- Regroupement de cinq exploitations avec au total 400 UGB (dont de la volaille à l’engrais, du bétail laitier, etc.). Michael Müller gère la seule exploitation biologique dans cet ensemble.
- Centrale de cogénération (couplage chaleur-force, CCF) 140 kilowatts et 200 kilowatts, utilisation de chaleur à distance
- Les raisons ayant conduit à la construction de l’installation ont été la protection du climat ainsi que la création d’une nouvelle valeur ajoutée sur l’exploitation.
- L’installation de biogaz se trouve sur le terrain du Riethof avec un droit de superficie. Elle fonctionne depuis près de 16 ans. Michael Müller est employé par Oeko Energie GmbH en tant que responsable d’exploitation (disponibilité 24 h sur 24 pour la gestion et le contrôle des processus).
- Le lisier des exploitations voisines est transporté par des tuyaux souterrains directement dans l’installation. Après la méthanisation, il reste des produits méthanisés qui sont épandus sur les surfaces agricoles. Cela permet de fermer les cycles des éléments nutritifs.
- On peut comparer une installation de biogaz à la panse d’une vache : c’est un processus vivant avec des organismes (les proportions des divers produits à méthaniser doivent sans cesse être adaptées).
- La méthanisation du lisier et du fumier produit de l’électricité et de la chaleur. Le gaz est brûlé dans la centrale de cogénération, produisant ainsi de l’électricité. Il en résulte des rejets thermiques qui sont directement utilisés dans le digesteur de l’installation de biogaz, afin de maintenir la chaleur optimale pour le processus microbiologique de méthanisation. Selon l’installation, cette chaleur résiduelle est également utilisée dans le réseau de chaleur pour chauffer des habitations ou des étables, ou pour sécher du bois ou du foin.
- Les installations de biogaz fonctionnent aussi comme des plaques tournantes pour les éléments nutritifs : si le produit de la méthanisation est séparé, on obtient du fumier méthanisé riche en phosphore et en azote. Le lisier méthanisé liquide, par contre, contient surtout de l’azote rapidement disponible.
- Selon une étude réalisée par le FiBL, Agroscope et l’EPFL dans le cadre d’un grand projet de recherche, les produits méthanisés ne contiennent pas de résidus de pesticides. C’est pourquoi ils conviennent aussi pour l’agriculture biologique.
- Sans soutien financier externe, de telles installations ne sont guère rentables. De petites installations de biogaz, offrant une solution d’approvisionnement pour une à deux fermes et produisant localement de la chaleur, peuvent faire exception à cela.
Installations de biogaz et produits méthanisés en bref
Les installations de biogaz produisent non seulement de l’énergie par la méthanisation de fumier et de matière organique, mais aussi des engrais organiques. On fait la distinction entre les engrais de ferme et les engrais de recyclage. Les dispositions légales pour la production et l’utilisation de ces deux types d’engrais varient.
Les engrais de ferme proviennent directement d’exploitations agricoles, de la production animale ou végétale, avec au maximum 20 pour cent de matière fraîche d’origine non agricole. L’apport de matière organique d’exploitations conventionnelles est limité à maximum 50 pour cent des besoins en éléments nutritifs (azote / phosphore) de l’exploitation. Les produits d’une installation de biogaz agricole sont appelés du lisier méthanisé et du fumier méthanisé.
Les engrais de recyclage sont des sous-produits ou le résultat de processus visant à transformer des déchets en produits afin de valoriser les éléments nutritifs présents. Ils sont appelés digestats liquides et solides. Le pourcentage de cosubstrats non agricoles s’élève à plus de 20 pour cent. L’utilisation de digestats liquides et solides est limité à maximum 50 pour cent des besoins en éléments nutritifs (azote / phosphore) d’une exploitation.
Afin de prévenir la présence de résidus de plastique dans les engrais, des teneurs maximales sont valables dès le 1er janvier 2024 pour les matières plastiques dans le produit fini. Elles s’appliquent à la matière sèche (MS), pour le compost, le digestat liquide, le digestat solide, le lisier méthanisé et le fumier méthanisé. Une exploitation Bourgeon peut apporter ses engrais de ferme dans une installation de biogaz, mais doit reprendre autant d’éléments nutritifs qu’elle en a livrés avec ses engrais de ferme. Les reprises supplémentaires sont calculées comme engrais non biologiques.
Jeremias Lütold, FiBL
Pour en savoir plus
ProBio Portes ouvertes sur le savoir agricole (probio.bioactualites.ch)
Produire du biogaz et se partager les digestats entre agriculteurs bio et agriculteurs non bio (Rubrique fertilisation)