Une centaine de participants ont assisté cette semaine à la conférence sur l'arboriculture bio organisée par le FiBL à Frick. Comme d'habitude, un large éventail de sujets a été discuté. Vous trouverez ici un résumé concis du contenu de la conférence.
Mesures de taille contre la tavelure du poirier
Hans-Jakob Schärer, responsable du groupe Phytopathologie au FiBL, a expliqué dans sa présentation sur la tavelure du poirier que la pression de la maladie peut s'accumuler sur plusieurs années. Ce sont surtout les conidies issues d'infections de rameaux qui entraînent une multiplication massive. Des mesures de taille ciblées montrent définitivement un potentiel de réduction de la pression infectieuse, comme l'ont prouvé des expériences menées dans des exploitations vaudoises.
Le modèle RIMpro Tavelure du poirier (pas encore activé) aide à reconnaître à l'avance les événements infectieux importants et permettra une bonne combinaison de traitements préventifs et curatifs, selon la situation. Il n'est pas judicieux de traiter les poires jusqu'à la récolte - même en cas de pression infectieuse élevée - car les traitements à partir de juin-début juillet n'ont plus une grande efficacité. En cas de lésions des fruits qui ne sont visibles qu'en automne, on peut partir du principe que l'infection a déjà eu lieu au printemps, a constaté Hans-Jakob Schärer.
Bilan positif pour les bandes fleuries
Lukas Pfiffner, spécialiste de la biodiversité au FiBL, a tiré un bilan positif de l'expérience acquise ces dernières années avec les bandes fleuries dans les interrangs des cultures de fruits à pépins. L'effet de la bande fleurie est visible de manière significative : on trouve nettement plus d'auxiliaires dans les allées avec bandes fleuries que dans celles sans bandes fleuries, a déclaré Pfiffner.
Pour les cerises, le bilan est plutôt mitigé : Jusqu'à présent, on n'a pas pu constater d'augmentation des auxiliaires dans les essais. La cause en sont probablement les filets anti-drosophile dès la véraison et les bâches anti-pluie, qui empêche l'échange d'auxiliaires. A cela s'ajoute la protection phytosanitaire souvent intensive.
De manière générale, le régime de fauche des bandes fleuries a une grande influence sur la diversité des plantes, l'idéal étant deux à trois coupes par an avec une hauteur de coupe d'au moins 8 cm.
L'esprit pionnier est de mise
L’établissement de bandes fleuries dans les interrangs s'avère être une tâche exigeante qui requiert un certain esprit de pionnier et une fibre pour la biodiversité : en effet, les mélanges de semences sont onéreux, il arrive souvent que les semis dans les cerises soient inondés par l’effet gouttière dans les cultures de cerises sous abris, la régulation des adventices est très exigeante et l'entretien des bandes fleuries nécessite des (nouvelles) machines spéciales.
En contrepartie, des effets positifs sont également visibles. Stephan Müller qui, en tant que producteur, intègre depuis 2012 des bandes fleuries dans son verger de pommiers, a déclaré : "Depuis 2012, je ne mets plus de neem, de quassan, ni d'audienz. La pression des ravageurs est sensiblement moindre".
Le Bourgeon reste leader dans le domaine de la durabilité
Sabine Haller de Bio Suisse a vanté les mérites des producteurs de pommes de table bio : ils ont obtenu une moyenne de 108 points au programme de durabilité de la Fruit-Union Suisse, le maximum étant de 180 points. Selon Haller, les producteurs de fruits à pépins conventionnels doivent atteindre 50 points en 2024. Mais elle a également fait remarquer que la culture bio et la culture conventionnelle sont deux systèmes différents et que le nombre de points ne peut donc pas être directement comparé.
Les quantités de fruits bio produites en Suisse continuent d'augmenter grâce aux reconversions. Pour les pommes de table, il se pourrait, selon la spécialiste du marché, qu'il y ait trop de pommes bio lors d'une grande année de récolte, mais jusqu'à présent, tout a pu être écoulé jusqu'en juillet.
Un potentiel limité pour les fruits à noyau
Pour les cerises, le marché est plutôt saturé, tandis que pour les pruneaux, il y a encore un peu de potentiel pour les variétés tardives. Après les deux grandes années de récolte de 2018 et 2020, il y a déjà presque trop peu de fruits à cidre. Mais pour éviter de devoir à nouveau introduire une retenue, un concept de surplus a été élaboré. En ce qui concerne les prix indicatifs, il y a eu une augmentation en 2023 pour presque toutes les sortes de fruits.
Jörg Streckeisen a repris la présidence du Groupe spécialisé (GS) Fruits de Bio Suisse au début de l'année 2024. Cet arboriculteur bio de 57 ans originaire d'Andhausen en Thurgovie dirige une exploitation fruitière Bourgeon de 14 hectares et préside le cercle des arboriculteurs bio de Suisse orientale. Son prédécesseur, Hans Oppikofer, se consacre davantage à sa propre ferme bio après douze ans, mais il reste membre du GS Fruits. Christian Vogt et Tina Siegenthaler assurent sa suppléance, tandis que Thierry Suard, nouveau représentant du FiBL, remplace Andi Häseli qui prend sa retraite après 23 ans de collaboration.
La liste des intrants bientôt uniquement en ligne
L'équipe de la liste des intrants, représentée par Bernard Speiser et Carlo Gamper, a expliqué que la liste des intrants sera publiée pour la dernière fois en version imprimée. Ensuite, elle ne sera plus disponible qu'en version électronique, avec l'avantage d'être toujours à jour.
L'une des questions auxquelles Speiser et Gamper ont répondu était de savoir pourquoi il y avait des lacunes dans les indications en arboriculture. Il y a différentes raisons à cela : L'indication n'a pas été annoncée au FiBL, l'utilisation ne correspond pas aux critères de Bio Suisse, la matière active n'est pas mentionnée dans l'ordonnance sur l'agriculture biologique (OAB), les données sur les effets manquent, différentes firmes ont demandé des indications différentes (exemple des produits à base de cuivre), etc.
Dans les essais pratiques, il est possible de tester des produits qui ne figurent pas dans la liste des intrants. Pour qu'ils ne soient pas considérés comme une utilisation « clandestine », la surface traitée doit être la plus petite possible et une autorisation d'essai doit être demandée au préalable au FiBL. Dans le cadre du programme « Farmer Science », le FiBL peut apporter son soutien pour les essais.
FiBL, Thierry Suard
Pour en savoir plus
Fiche technique sur la protection des plantes dans la culture biologique des fruits à pépins révisée (FiBL Shop)
Farmer Science (fibl.org)
Arboriculture (Rubrique cultures)