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Journée mondiale des sols: «Nous devons bien réfléchir aux sols sur lesquels nous construisons»

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Chaque année, environ 18 km2 de terrain disparaissent en Suisse, soit un demi-mètre carré par seconde, principalement en raison de la construction de logements et de routes. Perdons-nous, littéralement, le sol sous nos pieds? Else Bünemann-König, responsable du département des sciences du sol au FiBL Suisse, répond à des questions socialement pertinentes à l'occasion de la Journée mondiale des sols.

Else Bünemann lors d’un essai sur les engrais de recyclage mené à Wallbach. Photo: FiBL, Thomas Alföldi

Les sols rendent de nombreux services écosystémiques aux êtres humains. En tant que pédologue travaillant au FiBL, je m’occupe surtout de la fertilité des sols comme base pour la production alimentaire. Je m’intéresse également à la fonction de filtre des sols et à leur capacité à fixer du carbone et à constituer un habitat pour les organismes terricoles.

Or, les sols peuvent aussi avoir une fonction de support. Comme un sol bâti n’est plus utilisable à des fins agricoles, nous devons bien réfléchir aux sols sur lesquels nous construisons et lesquels nous conservons comme sols productifs et en bonne santé. Concrètement, cela signifie que nous ne devrions pas construire des hangars logistiques ou des zones d’habitation sur des terres arables de qualité situées en plaine.

Environ 60 % des zones urbanisées en Suisse sont aujourd’hui imperméabilisées. L’imperméabilisation des sols présente de nombreux inconvénients: l’eau de pluie ne peut s’infiltrer, les sols ne produisent plus de biomasse et ne permettent pas de refroidissement naturel en cas de forte chaleur. Pourquoi détruisons-nous les sols à grande échelle?

On ne peut protéger et apprécier ce que l’on ne connaît pas. En ce qui concerne les sols, nous ne voyons généralement que leur surface et ne sommes donc pas conscients qu’un profil de sol s’est formé sur des milliers d’années.

En outre, de nombreuses personnes ne disposent plus d’expérience personnelle de la production agricole et des cycles naturels. Par conséquent, leurs priorités se déplacent, par exemple vers une consommation et une mobilité accrues, ce qui entraîne à son tour une imperméabilisation encore plus importante des sols.

Aucun autre secteur ne dépend autant d’un sol sain que l’agriculture. Or, la surface agricole utile ne cesse de diminuer; aujourd’hui, elle ne représente plus que 36 % du territoire suisse. Quelles peuvent être les raisons de cette baisse?

Aujourd’hui, on produit plus par unité de surface qu’auparavant. En outre, le nombre d’exploitations agricoles diminue constamment. De très nombreuses denrées alimentaires, mais aussi des aliments pour animaux sont importés en Suisse. Nous utilisons donc également des surfaces agricoles situées à l’étranger pour nous nourrir.

Dans les zones de basse altitude, la disparition des sols agricoles semble surtout liée à l’imperméabilisation, tandis que l’extension des forêts liée au manque de pâture joue un rôle prépondérant dans les zones de montagne.

Les agricultrices et agriculteurs sont conscients de la nécessité d’entretenir leurs sols. Néanmoins, beaucoup utilisent des machines lourdes dans les champs, ce qui entraîne le compactage du sol. Cela vaut-il également pour l’agriculture biologique?

Le compactage se produit lorsque des machines lourdes sont utilisées dans des conditions défavorables. Un sol sec peut présenter une portance élevée, mais dû aux contraintes de temps, on n’attend souvent pas suffisamment longtemps avant de circuler. Je suppose que les exploitations bio utilisent en moyenne des machines un peu moins lourdes.

Il y a quelques années, sur la couverture d’un numéro du magazine Bioactualités consacré à la fertilisation figuraient un lourd réservoir à lisier et des traces de compactage. Les nombreuses réactions ont montré que les agricultrices et agriculteurs bio sont parfaitement conscients de l’importance d’un sol en bonne santé comme base de la production.

Dans l’essai DOC, le FiBL compare depuis une quarantaine d’années les méthodes de culture conventionnelle, biologique et biodynamique. Il en ressort clairement que la méthode biodynamique donne lieu au plus grand nombre d’organismes du sol. Pourquoi en est-il ainsi?

L’essai DOC vise à comparer plusieurs systèmes. Les procédés diffèrent donc de plus d’un facteur. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas identifier une seule raison, mais seulement constater que l’effet respectif des mesures de protection des plantes et de fertilisation varie en fonction du type de mesure, de la quantité de produit appliquée et du moment de la mise en œuvre. En principe, la quantité d’organismes vivant dans un sol dépend fortement de la teneur en humus.

Dans l’essai DOC, je trouve particulièrement intéressante la comparaison entre le niveau de fumure usuel, qui correspond à une densité de bétail de 1,4 unité de gros bétail par hectare, et le niveau de fumure réduit de moitié correspondant à 0,7 unité de gros bétail. Alors que les systèmes biologiques ont réussi à maintenir, voire à augmenter légèrement la teneur en humus au fil du temps avec le niveau de fumure usuel, la teneur en humus a diminué avec le niveau de fumure réduit de moitié. La question se pose donc de savoir comment maintenir la fertilité des sols si la densité de bétail devait diminuer dans les régions de grandes cultures. Il s’agit d’imaginer des cycles interentreprises.

En cette Journée mondiale des sols, quel est votre regard sur les sols, notamment sur la rendzine, sol de l’année 2025?

Je pense à la très grande diversité des sols: ils peuvent revêtir les couleurs de toute la palette des tons de terre; du presque noir au rouge en passant par le gris, le brun et le jaune, tout est possible. Les sols peuvent être pierreux ou non, sablonneux ou argileux, peu ou très profonds. Sans compter qu’il existe bien d’autres caractéristiques pour décrire le profil d’un sol. Le sol de l’année 2025, la rendzine, est un sol peu profond sur calcaire, sur lequel poussent souvent des hêtraies. La présence de nombreuses pierres et la faible profondeur de ce type de sol s’opposent souvent à une utilisation agricole.

Toutefois, la couche supérieure sombre et riche en humus d’une rendzine, telle qu’on la voit souvent au bord des chemins dans les sols sur calcaire ou dolomite, offre sans aucun doute un magnifique spectacle et constitue un excellent habitat pour tous les organismes du sol.

Propos recueillis par Beat Grossrieder, FiBL

Pour en savoir plus

Remarque: ce texte est une nouvelle du jour. Il ne sera pas actualisé ultérieurement.

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