En 2021, la Fondation Albert Koechlin (Albert Koechlin Stiftung, AKS) a lancé un nouveau projet visant à optimiser l’élevage porcin. «La publicité véhicule souvent une image idyllique du monde agricole: des porcs heureux dans de la paille avec une aire de sortie en plein air», a expliqué Patrick Ambord, d’AKS, lors d’une conférence de presse du FiBL en décembre dernier.
Des représentations correspondant peu à la réalité
«Ces représentations correspondent souvent peu à la réalité. La plupart des porcs ne disposent pas d’aire de sortie, ou seulement d’une petite surface bétonnée», a déclaré Monsieur Ambord lors d’une conférence de presse organisée par l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) à Daiwil bei Willisau, dans le canton de Lucerne.
Les médias ont pu y découvrir les premiers résultats du projet. Lorsque le projet a été a lancé, la famille Krummenacher s’est manifestée et a été l’une des cinq exploitations à bénéficier d’un soutien pour la transformation de leur porcherie, alors conventionnelle et sans aire de sortie.
Des «toilettes» bien fréquentées
Les premières visites sur place ont débuté en automne 2021. Des représentants d’AKS y ont participé, ainsi que Barbara Früh, spécialiste en production porcine au FiBL, et Hubert Hartmann, chef de projet chez Krieger AG, une entreprise de construction d’étables active dans toute la Suisse.
Le résultat est bien visible. Les porcs disposent désormais d’une aire de sortie complétée par une zone à fouir et une piscine, qui est surtout fortement utilisée durant les mois d’été. Dans l’aire de sortie, le contact avec les animaux d’autres boxes a été rendu possible de manière ciblée en réalisant des ouvertures dans les parois de séparation à des endroits spécifiques, influençant ainsi le comportement d’excrétion des porcs en les orientant vers une sorte de toilettes. Ces dernières sont aussi très fréquentées par les animaux. Cela fait ainsi honneur à la réputation qu’ont les porcs d’être des animaux propres.
«On voit que les animaux se sentent bien et qu’ils peuvent pleinement exprimer leur comportement naturel», estime Barbara Früh, spécialiste en production porcine au FiBL. Celle-ci a conseillé les partenaires du projet et se montre satisfaite du résultat. «Dans cette porcherie, les porcs se comportent de la même manière que ceux vivant dans un environnement naturel», estime Barbara Früh.
«Bilan en tous points positif» de l’agriculteur Martin Krummenacher
Suite à la transformation, le nombre de places d’engraissement est passé de 300 à 150. Cela implique un fort renchérissement de la production, comme l’a expliqué Martin Krummenacher. Cela est toutefois supportable pour la famille, car celle-ci commercialise ses animaux, tout comme le lait de ses 30 vaches, en vente directe, dans le magasin de leur ferme ainsi qu’au marché à Lucerne. Pour Martin Krummenacher le bilan est en tous points positif. « La particularité est que cela est complètement nouveau. Il n’y avait pas de solutions standards lors de la construction », selon l’agriculteur.
La Fondation Albert Koechlin a pour objectif de soutenir les exploitations porcines de Suisse centrale sur la voie d’un élevage respectueux des animaux, a expliqué Patrick Ambord à Daiwil. C’est pourquoi elle s’engage au travers d’un accompagnement global, qui comprend aussi une prise en charge partielle des coûts de la planification et, suivant les cas, de la construction. Selon AKS, la situation en Suisse centrale, et notamment dans le canton de Lucerne, est particulièrement sensible. Environ 30 pour cent du cheptel porcin suisse, soit au total quelque 430 000 animaux, se trouvent dans le canton de Lucerne.
Supplément de prix, idéalisme ou vente directe nécessaire
Outre l’amélioration du bien-être animal sur les cinq exploitations retenues, le projet a aussi pour but d’expérimenter de futures mesures d’optimisation. On avait donc volontairement recherché cinq exploitations aux situations différentes, ceci afin de pouvoir y collecter des expériences, de les valoriser et de les rendre accessibles à d’autres exploitations.
Les partenaires du projet étaient tous d’avis qu’un élevage porcin respectueux des animaux est possible avec les moyens techniques disponibles en matière de construction de bâtiments agricoles et sans grande charge technique, mais qu’un supplément de prix, de l’idéalisme ou de la vente directe est nécessaire en raison de la charge supplémentaire liée à la gestion de la porcherie. Un élevage porcin amélioré et respectueux des animaux ne sera pas possible sans une augmentation du prix, telle est la conclusion.
Présentation de l’exploitation de la famille Krummenacher
Voici quelques chiffres-clés concernant l’exploitation de la famille Krummenacher à Daiwil (LU) :
- Surface agricole utile: 24,9 hectares
- Forêt: 6 hectares
- Main-d’œuvre agricole: famille et un employé, l’exploitation occupe environ 3 unités de main-d’œuvre standard (UMOS)
- Branches de production: agriculture, vente directe/restauration, production de charbon de bois
- Porcs à l’engrais: 150
- Vaches laitières: 30
- Génisses d’élevage: 8
- Bovins à l’engrais: 30
- Veaux à l’engrais: 22
- Moutons: 20
- Chèvres: 4
Adrian Krebs, FiBL
Pour en savoir plus
Le communiqué de presse de l'événement (fibl.org; en allemand)
La vidéo sur la transformation (youtube.com)