Le Sommet Bio, dont c’était en 2024 la quatrième édition, s’adresse à des spécialistes de la production, de la transformation, du commerce et de la recherche. Plus d’une centaine de participants se sont réunis vendredi passé à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) de Zollikofen BE.
Comment les idées viennent dans la pratique
Il y avait parmi eux Rebekka Frick, scientifique du Département des systèmes agri-alimentaires du FiBL. Son exposé portait le titre «Wie baut man gemeinsam Brücken – Systemdenken goes Bio» (ndt: Comment on construit des ponts ensemble – La pensée systémique devient bio). Elle s’occupe principalement de processus sociétaux et d’innovations en agriculture biologique.
À titre d’exemple elle a parlé de la tendance à remplacer le lait bio par des alternatives végétales. «Il faut de nombreuses clarifications jusqu’à ce qu’une telle idée puisse prendre pied», a dit Rebekka Frick. Y a-t-il suffisamment de surface pour la culture? Est-ce qu’on peut livrer suffisamment d’avoine de bonne qualité? Y a-t-il une grande demande? Comment peut-on faire connaître le produit? Où la transformation s’effectue-t-elle? Quelque est le prix du lait d’avoine? Et quel goût a-t-il?
Des contacts dans toute la filière de création de valeur
«Il faut la collaboration de toute la filière de création de valeur», a poursuivi l’experte du FiBL. Elle recommande aux agricultrices et aux agriculteurs d’entretenir des contacts avec les fournisseurs, les entreprises de transformation, la restauration et les consommateurs. «Cela permet de réunir des gens qui ont les mêmes buts, de développer la compréhension de tous les côtés et de mieux se comprendre mutuellement.»
Rebekka Frick a aussi inclus explicitement l’agriculture conventionnelle, sa transformation et sa commercialisation: «Une collaboration avec le secteur non bio est aussi nécessaire pour pouvoir poursuivre le développement de l’ensemble du système alimentaire.» Vu que le système alimentaire est tellement vaste, il faudrait autant que faire se peut impliquer chacune de ses parties.
Un kiosque qui construit des ponts
Parmi d’autres intervenants, Beat Baumgartner, de Bogen 17 Kiosque, a illustré à quoi la construction de tels ponts pourrait ressembler dans la pratique. Il s’agit dans son cas d’une restauration de saison près d’une piscine d’été délimitée dans l’Aare à Wohlen BE. Au lieu de commander les marchandises pour son kiosque confortablement en quelques clics auprès de quelques grossistes, Beat Baumgartner se donne volontairement la peine d’acheter auprès d’une vingtaine de fournisseuses et fournisseurs ses saucisses à rôtir, bières, vins et autres glaces en bâtons. «Pour que ça fonctionne bien, il faut créer entre nous et les nombreux petits fabricants une relation basée sur la confiance et la bienveillance», dit le restaurateur. Un pont n’est justement pas une rue à sens unique; s’il survient des erreurs, les deux côtés doivent se rapprocher l’un de l’autre.
Cette recette de succès a récemment rapporté au kiosque un prix décerné par InnoBio Bern. La restauration estivale est pratiquée de cette manière depuis 12 ans, et la cartes des mets de la saison s’adapte à la disponibilité des denrées alimentaires. «Les fournisseurs-euses et la restauration doivent vouloir la même chose», dit le gérant du kiosque. Cela permet d’arriver à planifier ensemble les cultures en incluant une garantie de prise en charge, et tous peuvent apprendre les uns des autres. «Cela signifie aussi qu’on peut si nécessaire remettre en question les exigences de perfection exagérées», dit Beat Baumgartner en citant comme exemple le fait que son équipe de cuisine utilise aussi des carottes difformes ou petites bien que cela implique davantage de travail.
Innovations sous la loupe
Les autres exposés du Sommet Bio 2024 ont été présentés par Marilena Schumann, Biovision; Martin Steiner, Die Dargebotene Hand; Salome et Thom Wieland, Hof Wielandleben; Alina Trieblnig et Julia Beck, Kulturhof Hinter Musegg.
Deux innovations particulières ont – entre autres – été mentionnées lors des ateliers. L’outil numérique Clever permet de scanner des produits pour connaître leur durabilité écologique et sociale pour ensuite optimaliser son propre comportement d’achat. Une autre innovation, qui s’appelle Sounding Soil, permet une étude acoustique du sol à l’aide de microphones spéciaux. La règle approximative est ici que plus il y a d’êtres vivants dans le sol plus les sons détectés sont diversifiés.
Beat Grossrieder, FiBL
Pour en savoir plus
Sommet bio (bio-gipfel.ch, en allemand)