Nathaniel Schmid, du FiBL, et Janos Wack, de l’entreprise Triebwerk, ont présenté beaucoup d’observations et de constatations issues de leurs actuels projets sur l’agroforesterie et sur les feuilles fourragères en agriculture.
Le FiBL participe en Suisse romande au projet Agro4esterie, dans lequel des bovins sont observés. Les haies fourragères peuvent se trouver sur des pâturages qui sont pâturés directement et temporairement par des animaux agricoles. «Une autre possibilité est la récolte au champ et l’affouragement rationné de branches au pâturage ou dans la stabulation», a dit Nathaniel Schmid pour expliquer les possibilités.
Dans le projet Futterlaub in der Landwirtschaft (FuLaWi), Janos Wack s’occupe en Allemagne principalement de petits ruminants. «Il y a souvent eu là-bas des problèmes de parasites et de sous-approvisionnement», a dit Wack en décrivant le contexte. Les feuilles fourragères ont donc d’autant plus un grand potentiel dans ce domaine.
Difficile gestion des pâturages
«Les prairies extensives ou semi-extensives peuvent avoir avec des haies des rendements égaux ou supérieurs, et cela même pendant les années sèches», a dit Schmid en résumant des résultats d’analyses du projet Agro4esterie. Les haies ne peuvent faire diminuer les rendements que sur des surfaces intensives.
Les observations du comportement des animaux pendant le projet ont aussi été passionnantes: «Plus d’un tiers des feuilles sont mangées en deux heures», a expliqué le chercheur du FiBL. Les animaux vont donc très volontiers vers les feuilles fourragères et en liquident une grande partie en très peu de temps.
«Le nombre et la durée des pâtures influencent donc de manière décisive les type de végétaux en présence ainsi que leur croissance et leur grandeur», a dit Schmid. «Quand est-ce que j’ouvre la clôture et pour combien de temps? Avec quelles espèces d’arbres et de buissons est-ce que je travaille, et quelle hauteur doivent-ils atteindre? Ce sont des questions importantes pour la gestion des haies fourragères», a confirmé Wack.
Forte proportion de feuilles dans la ration fourragère
Schmid a exposé clairement que «Peu importe que ce soit au pâturage ou dans la stabulation: Les bovins ont dévoré sans faire de restes aussi bien la masse foliaire que des petites branches jusqu’à 8 millimètres de diamètre.»
Dans le projet FuLaWi, les petits ruminants ont même reçu jusqu’à 40 pour cent de leur ration sous forme de feuilles de peuplier noir, ce qui a amélioré l’approvisionnement en protéines bruteset en oligoéléments, et particulièrement en sélénium.
Il a été observé en même temps que les émissions de méthane par les béliers ont diminué de 15 pour cent avec une proportion de feuilles de 39 pour cent par rapport à un affouragement sans feuilles fourragères, ce qui est aussi intéressant du point de vue sociétal et politique, a souligné Wack.
L’approvisionnement en protéines brutes et en oligoéléments
Les conférenciers étaient d’accord sur le fait que la proportion de protéines brutes et de oligoéléments varie selon les espèces de buissons et qu’elle peut être très intéressante par exemple avec différentes espèces de peupliers et de saules.
Le moment de la récolte est aussi très important pour la production animale. Il a par exemple été possible de trouver dans des peupliers noirs et des saules de très hautes teneurs en protéines brutes de 200 grammes par kilo de matière sèche, et cela jusqu’en septembre, donc relativement tard dans l’année. «Ces teneurs en protéines sont comparables à celles de la masse foliaire des légumineuses et donc aussi économiquement importantes», a dit Wack à titre de comparaison.
«Les oligoéléments qu’on trouve en grandes quantités selon les espèces d’arbres sont le calcium, le cuivre, le manganèse et le zinc», a expliqué Schmid en énumérant les principaux composants.
Wack a aussi expliqué que des procédés de conservations sont nécessaires si des feuilles fourragères doivent être affouragées toute l’année. C’est pourquoi l’équipe du projet FuLaWi teste actuellement différents procédés d’ensilage. Les premiers résultats montrent que l’espèce buissonnante ou arborescente a une plus grande influence sur la baisse du pH que le procédé: Après 90 jours, le hêtre atteignait de très bons pH mais ceux du peuplier d'Amérique du Nord étaient moins bons.
De l’agroforesterie à effet rapide
Les deux conférenciers ont tiré une conclusion analogue: Les effets positifs sont diversifiés. En font partie:
- Rendement à plusieurs niveaux
- Effets qui contrebalancent les extrêmes météorologiques
- Fixation de CO2 et diminution des émissions de méthane
- Très bonnes teneurs en protéines brutes et en oligoéléments
- Économies d’autres aliments fourragers
- Amélioration du bien-être animal
La mise en place de haies fourragères n’est jusqu’ici pas encore rentable malgré leurs effets positifs, ont dit les conférenciers. Les coûts se trouvent avant tout dans l’implantation des haies fourragères et dans le travail pour leur entretien. Il n’y a en outre quasiment pas de machines utilisables à grande échelle.
Mais: «En trois à quatre ans j’ai déjà des effets sur la surface. Pas seulement parce que je laisse les animaux pâturer, mais aussi parce que cela crée des éléments structurels», a dit Janos Wack pour encourager les participant-e-s.
La pratique montre par ailleurs un très grand intérêt pour le thème, ce qui a été confirmée notamment par le grand nombre – plus de 100 – de participants au webinaire.
Cette série de webinaires organisée par le FiBL Suisse et l’IG Agroforst fait partie de la formation continue dans le cadre d’une nouvelle installation agroforestière au FiBL à Frick. Le projet est financé par la fondation Leopold Bachmann.
Simona Moosmann, FiBL
Pour en savoir plus
Prochain webinaire sur le thème du pâturage boisé le 6.2. (agenda, allemand)
Projet Agroforesterie (page du projet)
Projet FuLaWi (page du projet, allemand)
Triebwerk (site de l'entreprise, allemand)
Contact Janos Wack (e-mail)
Exemples d'exploitations sur le thème de l'agroforesterie et du feuillage fourrager
Ferme caprine d'Elfingen (YouTube)
Ferme Adlerzart (YouTube)
Tous les rapports de webinaires et d'excursions (bioactualites.ch)