Plus de 100 participantes et participants, venus de Suisse romande, du Tessin et de Suisse alémanique, ont été accueillis par Linnéa Hauenstein, l’organisatrice de la manifestation. Responsable du groupe Viticulture et œnologie au FiBL, Bea Steinemann a ouvert le congrès en brossant un tableau des travaux actuels du FIBL.
Le black-rot comme thème central
Après un exposé sur la répartition des cépages PIWI dans le vignoble suisse et des informations sur les cépages soutenus par l’OFAG, Bea Steinemann a présenté la mise en place de l’étude variétale de cépages robustes dans le cadre du projet InnoPIWI du FiBL.
David Marchand, du FiBL Suisse romande, a présenté des essais sur le black-rot et a souligné que, suite à l’augmentation des dégâts observés, le black-rot va devenir un thème central.
18,5 % de surfaces viticoles bio
Angela Deppeler, cheffe de produits Vin et Plantes aromatiques chez Bio Suisse, a présenté les chiffres du marché et de l’évolution de la viticulture bio en Suisse. Les surfaces viticoles exploitées en mode biologique continuent de progresser. Elles ont représenté environ 2468 hectares en 2022. Ce chiffre englobe les exploitations Obio (ordonnance bio), Bourgeon et Demeter. Il correspond à une hausse de 224 hectares par rapport à 2021.
Les surfaces exploitées en mode biologique englobaient 18,5 % de la surface viticole totale en 2022 et 13,6 % des exploitations étaient certifiées Bourgeon ou Demeter. La surface viticole bio a plus que doublé depuis 2018. 75 % du vignoble bio se situe en Suisse romande. La viticulture bio est très active et dynamique, tant en Suisse romande qu’en Suisse orientale.
De PIWI à KLIWI ?
« La possibilité, pour Bio Suisse, de n’approuver à long terme que des cépages PIWI en viticulture est-elle discutée ? », a demandé un des participants à Angela Deppeler. D’après ses explications, les cépages PIWI sont considérés comme un complément, un bon moyen d’avancer sur la voie menant à une production respectueuse de l’environnement.
Pour Peter Nick, de l’Institut de technologie de Karlsruhe, il faudra à l’avenir non seulement des cépages PIWI, donc résistants aux maladies fongiques, mais aussi des cépages résistants au stress climatique. Le passage aux cépages KLIWI (de l’allemand « klimawiderständig », qui signifie littéralement « résistant au climat ») découlerait de l’apparition de nouveaux organismes nuisibles en raison du changement climatique.
Attaques d’esca sans gravité
Des agents infectieux connus de longue date, comme la maladie de l’esca, causent davantage de dégâts depuis quelques années. Toutefois, des études sur l’esca ont montré que le champignon infecte de nombreuses plantes sans leur causer de dommage. Bien au contraire: des ceps sains produisent du resvératrol, un polyphénol auquel le champignon réagit en libérant de l’acide 4-hydroxyphényl acétique, qui stimule la croissance de la vigne.
Toutefois, si la vigne subit un stress climatique, elle produit de l’acide férulique auquel le champignon réagit avec de la fusicoccine A, qui cause au bois les dommages bien connus. Selon Peter Nick, cet exemple illustre clairement le fait que la vigne peut aussi vivre une relation de symbiose avec des ravageurs et que la résistance de la vigne au stress climatique gagnera en importance à l’avenir.
Tolérance à la sécheresse et aide des mycorhizes
Alain Malard, vigneron et conseiller viticole en permaculture, a partagé ses réflexions au sujet de l’hydrologie régénérative. Il a également présenté des données empiriques suggérant que des plantations diversifiées apportent des solutions contre la sécheresse.
Kathleen Mackie-Haas, responsable du groupe de recherche Viticulture chez Agroscope, a donné un aperçu des travaux de recherches actuels sur les relations entre les mycorhizes et les racines de la vigne. L’inoculation de la vigne, sous serre, avec des mycorhizes a entraîné un meilleur développement du système racinaire des plants de vigne, avec des racines plus longues et davantage de racines secondaires, une augmentation de la population de mycorhizes dans le sol, une production accrue de biomasse des plantes ainsi qu’une tolérance plus élevée face au stress hydrique.
Bouteilles lavables et réutilisables testées
L’après-midi, Sybille Krieger-Weber, de l’entreprise Lallemand Oenology, qui produit des levures, a parlé de divers bactéries lactiques et des moyens permettant d’atteindre une sécurité microbienne et une stabilisation des vins. En outre, elle a présenté des résultats de fermentations avec Lachancea thermotolerans, une levure acidifiante.
Laura Paccot a quant à elle expliqué comment une bouteille retourne à l’installation de remplissage avec le projet Bottle Back. Tout comme huit autres de ses collègues vaudois, la vigneronne du Domaine La Colombe à Féchy (VD) est convaincue que la bouteille de vin du futur sera lavable, réutilisable et durable.
Fûts à bière pour le vin
Bottle Back a testé durant deux ans la réutilisation d’une bouteille lavable commune (75 cl) de type bourguignonne. Dans le cadre de ce projet pilote, qui est soutenu par le Service de la promotion de l’économie et de l’innovation (SPEI) du canton de Vaud, 80 000 bouteilles ont été mises en circulation dans les exploitations participantes.
Deandra Anderson et Philipp Neveling, de Ebb & Flow Keg, de Francfort-sur-le-Main (Allemagne), renoncent intégralement aux bouteilles avec leur start-up. Ils ont présenté un système de distribution pour le vin bio dans des fûts qui sont également très répandus dans le commerce de bière pression.
Eric Waibel, de Regionalwert Leistungen GmbH et Bio-Stiftung Schweiz, a conclu cette journée consacrée à la vitiviniculture bio avec des résultats montrant comment des plus-values fournies sur les exploitations peuvent être rendues visibles.
Jeremias Lütold, FiBL
Plus d'informations
Le projet Bottleback (www.bottleback.ch)
Vin bio en fût (www.ebbflowkeg.com)
Tout sur le viticulture bio sur bioactualités.ch (Rubrique Viticulture)