L’ombre des noyers : un avantage lors d’années très chaudes

Sur une surface de près de deux hectares située dans la localité française d’Artolsheim, l’agriculteur Damien Schulz a installé deux rangées de noyers hybrides dans une surface en grandes cultures. Le noyer hybride résulte du croisement entre le noyer noir et le noyer commun. Il pousse plus rapidement que le noyer commun et son bois est tout autant recherché et de grande valeur.

Claude Hoh, de la chambre d’agriculture d’Alsace, a expliqué : « les arbres hybrides poussent plus rapidement et s’adaptent aussi mieux avec les exigences liées aux systèmes agroforestiers ». Comparé au noyer commun, ses racines se développent moins en largeur, ce qui représente un avantage pour la culture voisine. Les noix ne sont pas fertiles et ne peuvent donc pas se disséminer de manière involontaire. 

Pas de règle absolue

Suivant l’année, l’ombre des arbres peut représenter un avantage ou un inconvénient pour la culture en place : lors d’années fraîches, avec un faible ensoleillement, l’ombre est un désavantage. Lors d’années très chaudes, elle est bénéfique à de nombreuses cultures.

Le fait que la culture profite ou non des arbres dépend aussi fortement du type de culture et des périodes critiques durant son développement. Il s’agit, par exemple, de la phase de fécondation et de la formation de l’épi chez le maïs ou du développement des gousses et des grains chez le soja. Des températures trop élevées durant ces phases ont des conséquences directes sur le rendement.

Des distances de plantation qui devraient être plus grandes

34 arbres par hectare poussent sur une surface de 1,9 hectare à Artolsheim. Les arbres sont espacés de 10 mètres et les rangées de 30 mètres. Sur les bandes de grandes cultures se trouvant entre les arbres, du maïs, du soja et des betteraves sucrières se succèdent. L’exploitation produit de manière conventionnelle et fertilise avec des engrais minéraux ainsi que son propre compost de volaille.

Actuellement, les rangées d’arbres sont trop denses. Les couronnes se touchent déjà dans les rangées d’arbres et vont donc s’étendre plus fortement en direction des grandes cultures. C’est pourquoi il faudra prochainement, soit enlever quelques arbres, soit raccourcir fortement les couronnes latéralement, selon Claude Hoh.

Une parcelle suivie de près

Élément intéressant sur ce champ : les rangées d’arbres ont été plantées en 2012 déjà et font l’objet d’un suivi scientifique depuis 2023. Des données sur le sol, le climat et le rendement des cultures sont disponibles. Les mesures sont toujours effectuées dans la rangée d’arbres, ainsi qu’en bordure et au milieu de la grande culture.

Il est important de relever que la teneur en azote en bordure de la grande culture est parfois plus de deux fois plus élevée qu’au milieu de celle-ci. Cela pourrait s’expliquer par la chute des feuilles et l’apport supplémentaire de biomasse qui l’accompagne. Lors des mesures, la biomasse microbienne était aussi nettement supérieure dans les rangées d’arbres par rapport au milieu du champ.

Production de noix et de noisettes dans le Kaiserstuhl

Un déplacement jusqu’en Allemagne a mené les participants et participantes à la pépinière de Matthias Schott, dans le Kaiserstuhl. Ce dernier produit des noix, des noisettes et des plants pour la vente. L’exploitation de la surface située en dessous ne joue ici qu’un rôle secondaire, raison pour laquelle il a surtout été question de protection phytosanitaire et de commercialisation.

L’exploitation familiale vend une grande partie de ses noix entières, les coûts et la concurrence au niveau des prix augmentant à chaque nouvelle étape de transformation par rapport aux noix décortiquées de l’étranger.

Les maladies fongiques et la mouche du brou du noyer sont les principaux défis dans la production de noix. « Parfois, on ne voit pas de l’extérieur si les fruits enveloppés par la coque sont encore bons », explique Matthias Schott.

La culture et la production de noisettes est une rareté en Allemagne, selon le producteur du Kaiserstuhl. Il travaille avec des noisetiers greffés, le porte-greffe est le noisetier de Byzance (Corylus colurna) qui s’enracine plus profondément et forme un tronc unique.

Beaucoup de questions concrètes discutées

Le groupe de participants et participantes a utilisé intensément le temps à disposition afin de discuter de questions concrètes sur la production avec les praticiens et les spécialistes.

Il est apparu très clairement que l’objectif fixé, c’est-à-dire la production de bois ou de fruits, ou encore l’adaptation au climat, joue un rôle déterminant dans le choix des espèces, des variétés, des distances, mais aussi de l’entretien.

Simona Moosmann, FiBL

L’excursion faisait partie aussi bien du projet KlimaCrops que de la formation continue dans le cadre de la nouvelle parcelle agroforestière du FiBL à Frick.

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